Un médecin de campagne est le deuxième recueil de Franz Kafka, paru en 1920, comportant quatorze nouvelles, qui étaient presque toutes finalisées en 1917.
Sans trop de surprise, c'est mieux, plus aboutit, qu'Observation. On retrouve ce qui fait la force de l'auteur dans ses autres écrits, sa marque : son pessimisme, l'ironie qui en découle, sa frustration sexuelle, l'injustice ainsi que la relation qu'il entretient avec son père… fort probablement dans une logique provocatrice, le livre lui est carrément dédicacé. Le fait que l'auteur praguois ait longuement hésité à intitulé le recueil Verantwortung, connotant une idée de « réponse » (Antwort), aurait d'ailleurs tendance à corroborer cette thèse.
Bref, on retrouve le Kafka qu'on connaît… en fait, on retrouve même le Kafka qu'on connaîtra plus tard : l'une des nouvelles, Devant la loi, étant quasiment (si ce n'est) identique à l'avant-dernier chapitre du Procès ; Un message impérial étant un extrait d'En construisant la muraille de Chine. Les textes ont de toute façon davantage tendance à se répondre face à ceux présents dans Observation : Un message impérial (toujours lui), renvoi à la nouvelle Le village le plus proche ; Chacals et arabes, avec son voyageur européen passif, fait quant à lui forcément penser à La colonie pénitentiaire ; le placement de Onze fils, tout juste après Le souci du père de famille, ne me semble pas être dû au hasard.
Cela dit, je ne reste pas un grand fan du format, je ne pense pas que la nouvelle soit ce qui sied le mieux à l'auteur (bien que j'ose espérer que les quatre histoires incluses dans Un virtuose de la faim me donneront tort)… et le fait que mes deux nouvelles favorites, Rapport pour une académie et Médecin de campagne (j'exclue volontairement Devant la loi pour la raison susmentionnée), soient aussi les plus longues, aurait tendance à confirmer cette impression. En fait, j'aurais tendance (car je suis effectivement très tendance) à associer les nouvelles de Kafka à des sortes de « courts-métrages », plus précisément aux courts-métrages qui en annoncent un long : du genre Whiplash, Bottle Rocket, Saw ou encore Les Misérables. Partir d'une séquence forte, d'une idée forte, pour aboutir sur une histoire plus complète par la suite.
Je suis sûr et certain que si la tuberculose ne l'avait pas emporté aussi tôt, qu'on aurait retrouvé ces nouvelles dans d'autres de ses romans.