Germinal chez les policiers
Entre ce livre et moi ça a commencé plutôt mal. Une scène d'ouverture relatant un match de baseball, un sport qui ne succite chez moi absolument aucun interet, ca n'était pas gagné pour un livre assez épais. Mais au bout de 10 pages je savais que c'était plié, ma volonté de m'appartenait plus, Un pays à l'aube m'avait embarqué et ne me laisserait ressortir que 750 pages plus loin complètement conquis.
Parler de ce genre de roman sans sombrer dans la dythirambe et les lieux communs n'est pas facile.
Un pays à l'aube est un roman de conception classique mais toujours efficace, une fresque historique dans le Boston de 1919. Et aux USA en 1919, il y'a de la tension dans l'air. A la suite de la révolution russe, les luttes sociales sont exacerbées, les anarchistes et les communistes sont dans la rue et la peur du bolchevik très forte. Les policiers eux meme cherchent à se syndiquer et les noirs livrent leur premier combat pour les droits civiques.
C'est dans ce cadre, assez méconnu mais avec un fort potentiel, que Lehane va méler petite et grand histoire pour notre plus grand plaisir. L'auteur prend ici une nouvelle dimension tant sa maitrise est impressionnante : Construction et narration impeccable sans baisse de régime, écriture sobre au service de l'histoire et des personnage, à l'aise dans tout les registres que ca soit des scènes épiques (grève, manifestation, émeute), des passages plus intimistes, les dialogues ciselés et vivant ou la peinture des sentiments. Sa reconstitution du Boston de l'époque et sa facon de lui donner vie est particulièrement impressionnante. On voit, respire et entend la ville.
Classicisme et sobriété sont d'ailleurs les vrais reproches qu'un pisse froid pourrait faire au livre.
Le roman est aussi un roman politique, les parallèles avec certaines situations comptemporaines sont flagrants (l'importances de luttes sociales pour obtenir quelques chose, l'utilisation des peurs collectives pour manipuler le peuple....). De la part de cet auteur, pas très étonnant.
A la fin du roman, vaincu, j'ai fini par aller lire l'article de Wikipédia sur le baseball et même sur Babe Ruth (l'un des plus grand joueur de l'histoire de ce sport).