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Le texte :
« Ah, messieurs, mais il est bien possible que la seule raison pour laquelle je me prenne pour un homme intelligent, c’est que, de toute ma vie, je n’ai jamais rien pu commencer ni achever. Ca va, ça va, je ne suis qu’un bavard, rien qu’un bavard inoffensif et contrariant, comme tout le monde. Mais qu’est-ce que je peux faire quand la fonction unique et évidente de tout homme intelligent reste le bavardage, c’est-à-dire d’agiter les bras pour faire du vent ? » Dostoïevski, in Les carnets du sous-sol.
Cette citation de Dostoïevski apparaît page 157 et résonne à ce moment-là comme un parfait condensé de ce qu’est « UnAmerica » : derrière la tentative de déconstruction de ce qu’est l’Amérique contemporaine (nous y reviendrons), tout n’est que spectacle, représentation… gesticulation, plus ou moins savante (et Dieu sait (c’est le cas de le dire) que Momus est bourré, presque à l’excès, de références savantes et non moins intelligentes) derrière laquelle il convient de farfouiller pour en tirer la quintessence. Très honnêtement, je doute d’y être parvenu au bout d’une seule lecture !
Derrière ce foisonnement de références, Momus revient point par point sur tout ce qui fait le déclin de l‘empire américain (sic). Point de départ de son livre : Dieu a perdu ses pouvoirs ; il ne peut donc seul entreprendre son entreprise de destruction de l’Amérique et s’en va requérir l’aide d’un quidam qui devra monter une expédition maritime pour dé-découvrir l’Amérique ! Cela vous semble ubuesque et a tout d’un récit d’un hurluberlu ? Vous n’avez pas tort… vous avez même bougrement raison. Et si il est quasiment impossible (en tout cas pour moi, je ne voudrai pas sous-estimer mon lectorat que je pense supérieur à ma personne) de saisir toutes les allusions du récit de Momus, on est forcé de lui reconnaître une intelligence hors norme, un sens de la parabole, à la limite du biblique, somptueux et une inventivité foisonnante. Ramener la Seconde Guerre Mondiale à une lutte entre les leaders de ZZ Top et de Kraftwerk est tout bonnement aussi incroyablement osé que purement génial !
Tout y passe de façon faussement loufoque : sentiment de supériorité, armes, manipulation, pouvoir judiciaire, expansion et colonialisme (un colonialisme moderne à travers les enseignes commerciales.
Bref, si vous avez le courage de sauter dans l’univers de Momus, vous ne devriez pas le regretter et accompagner son héros dans ses exercices de lévitation qui vous mèneront plus haut que vous ne l’imaginez.