Si la plupart des femmes interrogées, à travers leurs figures de proue littéraires, se revendiquent d'un féminisme très intellectualise qui pérennise la très grande tradition française de celles qui s'engagent à travers la création (que l'on partage ou pas leurs convictions, celles ci sont toujours très solidement étayées).
D'autres (une petite minorité, mais au très fort fort taux de notoriété, parfois malheureusement au détriment des premières) paraissent d'un opportunisme assez malsain puisqu'elles prétendent se faire l'étendard d'une évolution sociétale, en usant d'une langue assez pauvre et de grosses lacunes/approximations culturelles.
L'ensemble est cependant fort intéressant, puisqu'il permet de découvrir des militantes essentielles à la progression du droit des femmes. Simone De Beauvoir, Gisèle Halimi, Virginie Despente ou encore Virginia Woolf sont les héritières les plus légitimées de par leur prestige, mais elles n'ont pu s'affirmer que par la volonté farouche des pionnières moins illustres mais toutes aussi essentielles à la bonne marche du progrès.
Le livre insiste également sur le fait que réduire le féminisme à un courant uniforme est une grossière erreur, car selon les époques et les catégories sociales dont sont issues ces militantes le chemin n'est pas exactement le même. Qui plus est, au sein même de ces mouvements, il existe de réelles dissensions/désaccords majeurs sur les actions
à mettre en œuvre.
Enfin les personnalités invitées à s'exprimer insistent sur le pouvoir infiniment libérateur de l'acte littéraire, qu'il s'agisse de fictions ou d'essais théoriques/philosophiques. C'est par le récit de soi ou des autres que l'on peut emanciper les carcans, et en cela le féminisme est partenaire de lutte de toutes les oppressions, qu'il s'agisse de genre ou d'origines sociales. Une raison de plus de ne pas bouder son plaisir devant cette lecture.