J'ai souvent l'impression que les exercices de prospective sont un vaste supercherie.
Le livre d'Attali en est un excellent exemple: c'est un livre érudit, relativement bien écrit, logique et parfaitement clair (c'est d'ailleurs le minimum pour qq'un du niveau de monsieur Attali). Ça passe bien, rien qui décoiffe, on en sort avec l'impression d'avoir compris des choses et d'être plus intelligent.
En fait, on a même l'impression de partager un peu de l'intelligence du maître:
1) les hypothèses sont simples, on a grosso modo les mêmes vu qu'elle proviennent de notre histoire à tous: la société est devenue plus nomade et connectée; la démocratie l'emporte toujours mais il y a des conflits; les conflits sont plus graves, mais on s'en sort toujours.
2) la méthode est claire: le passé préfigure le futur. En math on appelle ça l'extrapolation linéaire, ça doit être niveau 5ème.
3) les conclusions sont limpides: la société sera nomade et connectée; la démocratie l'emportera malgré des conflits; les conflits seront plus graves, mais on s'en sortira. Attali appelle ça l'hyperempire, l'hyperconflit et l'hyperdémocratie.
Dans le 2) j'ai toujours un souci, d'autant qu'Attali évoque et analyse les contraintes d'environnement et d'énergie: si on est dans l'extrapolation linéaire, on ne les prend finalement pas en compte et on reste dans la croissance infinie sans le dire.
C'est une méthode parfaite pour préparer son travail politique de "libération de la croissance" mais qui ne me semble pas aussi neutre qu'elle se présente.