Voilà un septième tome qui rassure après l'écrasante monotonie du précédent (où il ne se passait presque RIEN avant la 850ème page !). Je dirais même qu'on y retrouve un peu de la fraîcheur du premier, tellement le ratio rythme de l'histoire / développement des personnages est bien géré. Certes dans ce tome là Egwene et Perrin ne sont pas trop présents et Aviendha fait juste acte de présence, mais on est habitué depuis. Et vu le nombre de personnages principaux disséminés un peu partout dans le monde, Jordan s'oblige à focaliser notre attention sur une partie des protagonistes le temps d'un tome.
L'avantage, c'est que ça lui permet de bien développer le personnage de Mat qui commence enfin à assumer ses responsabilités. Bon il est encore loin du niveau de Rand en la matière mais le héros qui sommeille en lui s'éveille enfin, malgré lui évidemment. En revanche, les relations entre personnages principaux laisse à désirer. On a Nynaeve, Elayne et Mat dans la même ville mais les seuls moments ou ils sont tous les trois ensemble, c'est pour avoir des monologues de Mat qui ne provoquent aucune réaction chez les deux Aes Sedai. Ces deux-là ont toujours un caractère aussi désagréable qu'au début. Elles progressent dans le pouvoir d'accord, mais niveau relationnel c'est zéro. Finalement vers la fin du livre on voit enfin un début de respect mutuel et de compréhension d'Elayne envers Mat, mais c'est en grande partie grâce à Aviendha (son seul intérêt dans le livre d'ailleurs). Concernant Nynaeve, j'ai été triste de lire qu'elle commençait à apprécier quand elle remerciait les gens. Je ne comprendrais jamais la volonté de l'auteur de nous imposer des personnages féminins aussi détestables sur le plan personnel. de toute façon les petites améliorations du caractère de Nynaeve sont douchées par


le retour de notre Lan adoré (enfin !) , car elle redevient condescendante et pète-sec juste après son mariage.


Rand de son côté continue sa conquête


en s'emparant finalement de l'Illian. J'ai été agréablement surpris de voir que Jordan avait mis de côté l'envie de Rand de jouer les géopoliticiens pour enfin accepter un trône.


Les interminables discussions géopolitiques du tome précédent ont été mises en pause car Elayne ne revient toujours pas en Andor, et franchement ça fait du bien. Déjà que c'est impossible de se mémoriser toutes les Aes Sedai qui font des pseudos-apparitions dans la saga, si en plus on devait se mettre à se souvenir des nobles qui ont chacun droit à trois phrases par bouquin... Cet acharnement de l'auteur à vouloir créer une palanquée de célébrités tertiaires (Aes Sedai et nobles) est selon moi le plus grand défaut de la saga. L'auteur nous perd avec tous ces noms et ça nuit fortement à la lecture, car c'est très frustrant de devoir sans cesse faire des efforts de mémorisation pour savoir de qui l'auteur est en train de parler. Les Matriarches en sont un exemple frappant. Elles sont omniprésentes depuis plusieurs tomes avec beaucoup de dialogues, mais à part connaître leurs noms c'est tout ce qu'on retient d'elles. Certaines sont mariées, certaines savent canaliser et ça s'arrête là. Elles sont juste là pour tenir le rôle d'avocates du diable sur chaque décision prise par Rand, tout comme les nobles et les Aes Sedai qui l'entourent. du coup, dés que l'auteur a besoin d'évoquer un avis légèrement différent sur un sujet, pouf il nous pond un nouveau personnage plutôt que de réutiliser les anciens. Et c'est bien parti pour être la même chose avec le Peuple de la Mer dont j'ai déjà oublié tous les protagonistes.
Je conclurais sur une note très positive : Jordan reste un maître en ce qui concerne la création de peuples et de cités. Ebou Dar est une énième réussite dans la matière avec ses coutumes très atypiques et ses nombreuses fêtes. L'auteur s'est vraiment donné carte blanche là-dessus et ça fait du bien de lire de la fantasy ou il n'y a aucun elfe/orc/nain ! Comme quoi on peut très bien créer de la diversité juste avec de simples humains. Mention spéciale à la reine Tylin dont le caractère exotique est en accord total avec l'ambiance de la ville (pauvre Mat quand même).

kribouille
9
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le 19 mai 2021

Critique lue 184 fois

kribouille

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