Quartier Joaillier du Bis

Une Histoire de Cinéma de Quartier de Sylvain Perret est une relative et multiple déception, ce n'est pas tant que le bouquin soit mauvais, c'est juste qu'il est loin de correspondre aux attentes que je m'en faisait en l'achetant. Le première déception m'incombe complètement puisque je fantasmais sur un livre de Jean Pierre Dionnet racontant l'histoire truculente des petits cinémas de quartier, il n-y a pourtant jamais eu tromperie sur la marchandise, le bouquin est signé Sylvain Perret et il raconte l'histoire de la mythique émission Cinéma de Quartier de Canal + qui de 1990 à 2007 a diffusé des centaines de films issus du cinéma populaire mondial avec simplement quelques règles comme de ne jamais diffuser de films avec une interdiction ne serait ce qu'aux moins de 13 ans et de respecter les quotas de diffusion d’œuvres françaises. Pourtant même cette simple exploration des coulisses de la célèbre émission n'est pas totalement à la hauteur de ce que j'espérais.

A travers de nombreux entretiens de collaborateurs, d'interviews d'époque de Jean Pierre Dionnet le bouquin revient donc sur la genèse, l'aventure et la fin de Cinéma de Quartier et de sa déclinaison horrifique Quartier Interdit. Les coulisses de l'émission de sa naissance à son trépas sont objectivement très inintéressante et l'on y apprendra beaucoup de choses sur ce qui reste je crois l'une des plus longue émission de Canal +. L'émission qui au départ se voulait comme une sorte de Dernière Séance version européenne va vite trouver son rythme de croisière et ses aficionados pour proposer durant 17 ans d’explorer western, fantastique, péplum, science fiction, polar, drame, comédies ou épouvantes en revisitant le patrimoine oublié (et à l'époque encore un peu méprisé du cinéma populaire). Je pensais assez bêtement et naïvement que l'émission était un robinet à films et l'on découvre comment grâce à l'émission Canal + et Jean Pierre Dionnet ont travaillés tels des distributeurs de DVD à retrouver des films perdus dans la jungle des ayants droits, restaurer des copies, proposer des versions rares et oubliés jusqu'à exhumer par exemple le dernier film jusqu’alors inédit de Mario Bava (Rabid Dogs). Un boulot de l'ombre considérable et des plus respectable que le bouquin de Sylvain Perret remet très justement en lumière. Loin d'avoir exploité toutes les idées de cycles et d'hommages prévus l'émission (même si elle marche toujours bien auprès des spectateurs) sera arrêté brutalement après avoir été partiellement sabordé par Dominique Farrugia (nouveau directeur de la programmation) qui souhaite en faire un rendez vous des comédies française … La petite histoire de cette noble émission est donc riche et passionnante mais elle ne constitue qu'un gros quart du bouquin.

Le gros morceau du livre reste l'inventaire complet de tous les films diffusés dans Cinéma de Quartier et Quartier Interdit durant 17 ans … Et malheureusement ça reste simplement une longue listes de films avec leurs réalisateurs, pays d'origine et année de sortie. Quand on sait que l'un des intérêt majeur de Cinéma de Quartier était la présentation des films par le volubile, passionné et passionnant Jean Pierre Dionnet qui donnait irrémédiablement envie de voir le film proposé, se retrouver avec une liste sans même le résumé du film et avec très peu d'illustrations est forcément assez décevant et c'est même pour moi la plus grosse frustration du bouquin. Alors peut être que l'on serait passé du format du livre à celui de l'encyclopédie ou que c'est une affaire de droits, mais pourquoi ne pas avoir repris pour chaque film la présentation de JP Dionnet lui même ? J'avais envie de découvrir des films avec le désir immédiat de les regarder et de sentir l'enthousiasme légendaire de Jean Pierre Dionnet et l'on se retrouve avec pas loin de 150 pages de listes, mécaniques et chichement illustrées. Fort heureusement sur quelques trop rares pages on reprend les présentations de certains films par quelques invités prestigieux comme Cronenberg, Tarantino, Chabrol, Lautner ou Ray Harryhausen, mais plus de la moitié du bouquin reste une liste un peu froide et pas du tout enthousiasmante. Parce que ok c'est sympa de savoir qu'en février 1994 a été diffusé Le Prisonnier du Temple de Brian Desmond Hurst et L’Esclave d'Orient de Mario Bonnard, mais ce serait tout de même plus excitant de savoir de quoi parle ces films et comment ce cher Dionnet en parfait camelot du cinéma bis réussissait à nous les vendre.

Sans vouloir bien sûr reprendre à mon compte le boulot de Sylvain Perret, je ferais peut-être sur Sens Critique la liste globale des films cités ce qui permettra au moins d'en voir l'affiche et d'avoir un lien vers le synopsis.

Une Histoire de Cinéma de Quartier reste donc une relative mais profonde déception , si tout l'aspect coulisse est captivant en revanche on ne peut pas dire que le bouquin donne envie d'explorer et découvrir plein de films, c'est con c'est pourtant exactement ce que j'espérais de lui.