Excellent livre pour comprendre les racines et l'histoire, avant 1947, des mouvements sionistes et leurs développements. Une notion qui n'est pas comprise par tous et qui a par ailleurs été forgée par le sionisme ouvrier après la seconde aliyah (1904) et qui a minimisé les apports des sionistes antérieurs à cette date.


Quelques sujets/pages que j'ai trouvé intéressants:


1. L'origine des kibboutzim : il s'agissait d'une politique de Bismarck à la fin du 19ème siècle pour aider la population prusienne face aux Slaves, pour qu'ils aient accès à de grands domaines et forment des colonies ouvrières et des fermes individualisées. Franz Oppenheiheimer expose un projet basé sur cette politique qui sera adopté en 1909 par le congrès sioniste et Deganiah est créé en 1910. L'auteur expose ensuite la différence entre la kvutzah, les kibbutzim et les moshavim et quels étaient leurs objectifs. Il montre aussi que la conquête par la terre était initialement en Judée, puis s'est développée en Gallilée.


2. Les conflits entre ashkénazes, mizrakhim et séfarades. J'ai appris qu'avant 1948, la moitié des Yéménites était en Palestine. Ils étaient regardés de haut par les ashkénazes (dans le kibbutz Deganiah, les pouvoirs de décisions leur était refusé et ils étaient exclus des moshavim privés). Les élites séfarades regardaient de haut les Marocains. Certains commentaires de Ben Gourion sont aussi intéressants pour comprendre la mentalité de l'époque, notamment quand il dit qu'il y a les Juifs ordinaires et les Juifs yéménites en 1912.


3. Les questions de classes sociales sont aussi abordées. J'ai eu du mal à synthétiser ce que j'ai lu, mais j'ai retenu qu'il y avait une prééminence des classes moyennes dans le sionisme, avec comme objectif la création d'un prolétariat par le travail pour créer une société normale en Palestine. Un point très important et qui caractérise sûrement la politique israëlienne de toutes les autres formes de politique de gauche, c'est l'accent mis sur la nation et pas sur la classe sociale.


4. La création d'une mémoire collective. Certains évènements ont été mythifiés pour créer une mémoire collective, notamment Bar Kokhbah, Massada et Tel Khaï. Certaines fêtes religieuses ont été reléguées au second plan ou leurs caractéristiques séculières ont été mises en avant. Hanoukah pour la révolte des Macchabéens contre les Grecs. Pourim pour la menace contre les Juifs de Perse. Tisha Ba'av. Les fêtes mineures ont été sécularisées (Lag Baomer, Shavuot, Simkhat Torah).


5. Les différences entre le sionsisme d'Herzl et celui qui s'est développé après lui. Il ne comprenait pas le lien entre l'hébreu et la culture juïve, il ne voulait pas de force armée pour le pays et ne comprenait pas bien le conflit avec les Arabes. Il n'en demeure pas loin que c'était un giga chad.




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le 14 déc. 2023

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