Une infinie brutalité

Résumé : Une "infinie brutalité" : décidément, la mauvaise presse de la Moscovie remonte aux origines mêmes de la découverte par l'Occident d'un monde aussi mystérieux que le royaume du prêtre Jean, d'une chrétienté marginale moins policée que les empires infidèles du Grand Turc et du Grand Mongol ! Dès le XVIème siècle se mettent en place les stéréotypes de la "légende noire" qui s'étale sans vergogne dans les compilations à l'usage du grand public en empruntant ses thèmes aux témoignages de première main rédigés par les rares voyageurs occidentaux. Aussi faut-il remercier Michel Mervaud et Jean-Claude Roberti d'avoir entrepris une lecture critique de ce corpus de documents qui occupent généralement trop de place dans nos anthologies historiques au détriment des sources russes moins facilement accessibles et moins synthétiques. A l'heure où la Russie perce à nouveau sous le vernis écaillé de l'Union soviétique, il importe plus que jamais de lui restituer son vrai visage, y compris dans sa période moscovite qui n'a pas été moins défigurée par les simplifications occidentales que par les idéalisations slavophiles.