Ian Mc Ewan a commis un roman inspiré d’une part avec une uchronie idéalement installée. Se retrouver dans les années 80 avec une humanité qui connaît déjà le portable et les textos, une Margaret Thatcher obligée de démissionner pour laisser place à un successeur qui va se faire assassiner ( alors que Tony Benn ne fut que député britannique toute sa vie), George Marchais en président français et un Royaume-Uni ( sur le point de quitter l’Europe alors qu’elle y est entrée en 1986, un peu après l’époque du roman) constitue des vérités alternatives croustillantes si on est prêt à accepter le principe d’une histoire modifiée.Dans cet exercice, Mc Ewan est très bon et sait amener le lecteur à une reconsidération du réel chiadée. Les deux strates suivantes se situent au niveau des relations humaines ( avec les personnages de Charlie et de Miranda) avec un robot (Adam). Ce trio qui partage plus qu’un même toit est à même d’observer des rapports ambigus, complexes et parfois unilatéraux.Ian Mc Ewan, grâce à la compréhension de la place du robot au vingt et unième siècle, a pu restituer la difficulté de coexister avec l’humain tant les humanoïdes sont programmées pour raisonner de façon cartésienne et de ne pas vraiment saisir les sentiments.C’est pour cette raison que Charlie et « son Adam » ne se comprennent jamais vraiment et arrivent à des extrémités folles dans leurs relations. L’histoire et le passé de Miranda amène une autre dimension au récit. Ian Mc Ewan fait réfléchir sur la notion de justice et sur le regard prudent et non inconséquent qu’on doit porter sur elle.Et puis, l’épilogue où Charlie, narrateur du récit jusqu’à la fin, commence à comprendre grâce à Alan Turing qu’est ce qui n’allait pas dans sa relation avec Adam et de commencer à entrevoir un message sur la cohabitation idéale entre humains et machines. Retors et aux ramifications multiples, Une machine comme moi procure cependant un plaisir de lecture remarquable.Une des meilleures uchronies des années 2010, c’est certain.