Difficile de résumer ce livre en quelques phrases tant son canevas est complexe ; comme à son habitude, John Irving nous livre avec Une prière pour Owen une fresque somptueuse et dense. Dans son septième roman publié en 1989, John Irving nous narre, par le truchement de John Weelwright, le narrateur du récit, l'histoire d'Owen Meany, enfant chétif – à l'âge de onze ans, il en paraissait six à peine – que ses camarades de classe prennent plaisir à railler, jusqu'à ce que ce dernier ne devienne un adolescent étrange mais charismatique, à la fois respecté et craint – du fait d'une aura mystique qui s'est mise à émaner de lui. Dans le village profondément religieux où vit le jeune homme, cela ne laisse personne indifférent. Persuadé d'être l'instrument de Dieu, Owen Meany est bien décidé à réparer le tort qu'il a causé à John Weelwright, son seul et unique ami, et à mener à bien l'office divin qui lui a été assigné.
Dans son style bien à lui, l'auteur nous offre une chronique improbable mais délicieusement et habilement construite, alternant le burlesque (la scène de la reconstitution de la nativité est un chef-d'œuvre de drôlerie) et le tragique pour notre plus grand plaisir. La trame de son récit est riche, ses personnages fouillés, et le dénouement est mené d'une main de maître. Il n'oublie pas d'égratigner au passage la société américaine, dénonçant la sournoiserie du gouvernement de son pays dans le traitement de la guerre du Vietnam, ainsi que la bigoterie. Ce pavé de près de 700 pages (dans sa version poche) est un pur régal – un délice littéraire ineffable.