Clin d’œil à Georges Orwell et son "Big Brother" ?
Ou à la littérature jeunesse et ses "Club des Cinq", "Bob Morane" ou en encore la série des "Michel" ?
A moins que Bernard Minier n'ait lorgné vers des drames plus intimes comme "Millénium" de Larsson ? Ou tout à la fois ?
Difficile à dire...
Dans cette histoire, Minier abandonne Servaz pour nous embarquer au bout du monde, dans un coin perdu balayé par les vents, la brume et les tempêtes où les ferrys deviennent les seuls liens avec la civilisation, et cette insularité devient un élément intéressant pour planquer des activités illicites ou des preuves de coups tordus. Tout devient prétexte à faire des histoires et tout se prête à fourbir les envies ou manies d'un maître-chanteur... Nous sommes prévenus.

Le point qui m'a le plus ennuyé est la personnalité d'Henry. Bien jeune pour mener l'enquête à seulement 17 ans... Avec des réflexes d'adulte bien trempé et une solide détermination qui lui permet d’affronter les "vrais" méchants. C'est peut-être ce décalage qui m'a le plus gêné, qui m'a agacé au point de trouver cette histoire bien peu vraisemblable. Certes, le principe du roman est d'abord d'écrire des histoires peu vraisemblables... Même pas du tout vraisemblables !
La trame est de premier abord sympathique : à bord d'un ferry qui relie l'île imaginaire de Glass Island, à la frontière du Canada et des Etats-Unis, une dispute entre Naomi et Henry tourne au drame. Ce dernier devient le suspect n°1... mais ne se laisse pas faire et mène l'enquête avec ses amis de son âge dont Charlie que j'ai trouvé assez rigolo.
S'en suit une plongée dans les dérives d'internet, les utilisations mafieuses des fameuses données personnelles, et où on ne sait plus qui détient le vrai pouvoir sur nos informations, entre les politiques, les services disons secrets comme la NSA ou des tordus plus proches du grand banditisme plutôt que de la gestion d'entreprise. Tout ceci est bien décrit...
Les allers et retours entre le passé et le présent alourdissent parfois le récit et il faut s'accrocher pour ne pas décrocher. Un bon tiers du livre explique beaucoup de choses, beaucoup de situations, décrit bien les comportements des individus, mais c'est plan-plan... Pour ne pas dire fastidieux.
La personnalité d'Henry est intéressante, partagé qu'il est entre ses deux mères Liv et France, sourde-muette et son envie de vivre sa propre histoire d'amour avec Naomi. Sujet d'actualité qui a le mérite de nous faire s'interroger sur nos propres comportements. Mais ça s'arrête là... D'autant que la fin révèle une situation peu banale.
Certes, il y a des scènes d'action très réussies, du suspense, des rebondissements essentiellement dans la seconde partie du livre. C'est bien conduit et on se trouve pris au piège que l'auteur nous a tendu. Certes...
Mais la fin... comment dire... la fin... C'est la fin ! Bof ! Il manque un "truc" ce qui me fait dire que ça ne colle pas... Difficile d'en dire plus sans dévoiler la culbute. Faites-vous votre propre avis. J'avoue que c'est le second Minier qui me laisse sur ma faim. On est loin, je trouve, de Glacé et du Cercle ! Je crois que je vais attendre un long moment avant de me plonger dans "Nuit" qui est dans ma PAL. Quant à "Sœurs", je vais surseoir à son achat, pour le moment.
Minier reste un grand auteur de polars, plébiscité et c'est tout à son honneur. Mais on n'est pas obligé de "coller" à ses écrits. C'est mon cas... Je vous laisse pour plonger dans le dernier Grangé. Il parait que ça secoue...

Eric-ROBINNE
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Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les livres que je n'ai pas beaucoup aimé et/ou pas fini en 2018

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le 23 juil. 2018

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Eric ROBINNE

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