Mon avis : L’intrigue prend place au milieu du XIXe siècle, dans une ville anglaise. Harold Gui, un gamin de neuf ans, s’est enfui de l’orphelinat où il vivait et passe désormais son temps avec Le Falou, son ami, un homme d’un certain âge qui lui a appris à lire, à écrire, et qui berce son enfance de contes merveilleux. Mais lorsque son cher complice décède, Harold Gui va être envoyé dans une ferme tenue par un couple absolument abject, qui est censé s’occuper d’orphelins, mais ces derniers vivent dans des conditions plus que précaires, dormant dans une grange, sur des lits de paille. Par ailleurs, ces deux individus les traitent comme des esclaves, en leur faisant faire des travaux toujours plus durs et en les affamant de plus en plus. C’est alors que la magie s’invite dans le roman, des lutins qui étaient restés cachés pendant des siècles vont entrer en contact avec notre jeune ami, et découvrir qu’il a été choisi pour une mission toute particulière, ce qui le laisse pour le moins dubitatif…
Le personnage d’Harold Gui m’a fait penser à ceux que l’on peut trouver dans les romans de Charles Dickens. D’ailleurs, Romain Sardou s’inscrit dans la continuité de l’auteur britannique dès les premières pages, en citant un extrait de son ouvrage Le Grillon du foyer avant le début du livre, et en mentionnant l’univers créé par Charles Dickens à plusieurs reprises dans son récit. Nous avons affaire à un héros orphelin, pauvre, dans une ville anglaise, qui doit user de la ruse pour survivre et échapper au courroux de certains adultes malintentionnés. Et toute la première partie du roman est dans cet esprit relativement terre à terre, ce qui me plaisait bien. J’appréciais de découvrir les aventures qui se déroulaient sous les yeux du lecteur, de faire la connaissance de ce petit garçon capable des plus belles choses pour ses amis, mais aussi de nous faire ressentir diverses émotions – je pense par exemple à la scène où il est confronté au décès d’un être auquel il était tout particulièrement attaché. D’autres protagonistes gravitant autour de lui ne m’ont pas laissée indifférente, et j’ai pu les apprécier comme les détester.
Et puis sont arrivées la deuxième et la troisième partie, où l’on part dans quelque chose de beaucoup plus féérique, et même trop à mon goût. J’ai trouvé qu’à y mettre trop de magie, on perdait paradoxalement la magie de Noël véhiculée dans cet ouvrage. En effet, Romain Sardou met en scène plusieurs personnages divers et variés, certains ayant existé, d’autres étant issus de l’imaginaire collectif et d’autres étant nés sous sa plume. Mais cela fait au final beaucoup (trop) de personnages. Par ailleurs, alors que la première partie m’intéressait réellement, la deuxième m’a moins convaincue, et ce fut pire encore pour la dernière. L’écriture de Romain Sardou est loin d’être désagréable, il parvient à nous faire entrer dans son univers avec ses mots, mais je n’ai malheureusement pas accroché à ce monde mis en scène, trouvant qu’il en faisait un peu trop pour expliquer la naissance du Père Noël…
Une citation : « Il t’incombe de découvrir ou de créer une nouvelle figure folklorique ; mais qui plaise à tous, qui puisse se reconnaître dans tous les coins de la Terre, je veux UN symbole personnifié qui incarne pour tous Noël et le beau temps de l’enfance. » (p.48)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/12/22/une-seconde-avant-noel-romain-sardou/