Je viens de refermer "Une vie heureuse" de Ginette Kolinka. Et j’ai cette boule dans la gorge, celle qui serre doucement, pas par douleur immédiate, mais par respect immense. Ginette Kolinka, 98 ans aujourd’hui, rescapée d’Auschwitz, raconte sa vie – sans pathos, sans mise en scène, sans discours grandiloquent. Juste la vérité, brute, franche, parfois crue. Et ça suffit largement à bouleverser.
Le titre peut surprendre. *Une vie heureuse* ? Quand on a traversé l’enfer, perdu son père, son frère et son neveu dans les camps ? Mais c’est justement là que réside toute la force de ce récit. Ginette ne se laisse jamais définir uniquement par la Shoah. Elle raconte aussi son enfance dans le 11e arrondissement de Paris, ses années d’après-guerre, son rôle de mère, ses petits boulots, sa vie simple mais pleine. Une vie « normale », qu’elle chérit avec un naturel désarmant.
Ce livre, c’est une voix. Celle d’une femme qui parle comme elle vit : sans détour. Elle nous confie ses trous de mémoire, ses colères, ses silences, et aussi ses rires. Et surtout, son engagement, aujourd’hui encore, auprès des jeunes pour transmettre, pour que jamais l’oubli ne gagne.
Ce n’est pas un livre historique. Ce n’est pas un traité philosophique. C’est un témoignage de cœur à cœur. Et c’est peut-être pour ça qu’il touche autant. Parce qu’on y retrouve cette humanité si précieuse, dans un monde qui en manque cruellement.
Je referme ce livre avec une pensée pleine de gratitude. Merci Ginette, pour les mots, pour le courage, pour la lumière. Et pour cette leçon incroyable : vivre, malgré tout, peut encore rimer avec heureux.