Deux âmes sœurs
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le 16 nov. 2018
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Une ville à soi est un roman d'une précision chirurgicale ; chaque mot semble à sa place, tant et si bien que je craignais ne pas y trouver d'âme et oublier l'histoire aussitôt le bouquin refermé. Craintes vite évaporées, je me retrouve, un peu honteuse de mon amalgame, devant une histoire qui a beaucoup à offrir. La relation entre Mijie et Fengchun est le théâtre d'enjeux psychologiques subtils.
Si on reprend la définition traditionnelles selon laquelle des âmes soeurs sont des personnes qui ont quelques chose à travailler ensemble dans cette vie, on peut tout à fait l'appliquer à ces deux femmes.
Mijie a passé une partie de sa vie à l'armée avant de reprendre la gérance d'une boutique de cirage modeste. C'est une femme d'affaire qui se veut juste mais impitoyable. Elle est charismatique, généreuse, perspicace, condescendante. "Mijie donnait l'impression d'avoir déjà tout connu (...) Elle n'éprouvait qu'indifférence et mépris vis-à-vis de ce bas monde". Son intérêt est piqué à vif lorsqu'elle découvre le caractère borné et intense sous le masque d'innocence de Fengchun. Elle va traitée sa nouvelle employée avec bonté et rudesse dans une vision quasi moraliste mais tout en préservant un maximum l'égo de Fengchun
Cette dernière est finalement loin d'être une oie blanche ; une des premières choses qui la pousse vers Mijie est sa perspicacité ; la patronne ne se laisse pas abuser par ses manipulations. Fengchun qui était "venue au magasin sous le coup de la rage, avec la ferme intention de jouer les victimes" doit remettre en question sa propre naïveté.
Fengchun ne laisse pas les affaires en suspens, elle va jusqu'au bout, elle souffre donc elle creuse : "même un condamné à mort a le droit qu'on lui explique sa sentence." C'est dans la confrontation qu'elle va pouvoir se développer. Pour ça elle devra sortir de sa vision égocentrique du monde et chercher à comprendre ceux qui lui font face.
Mijie quant à elle, est forcée à s'expliquer et donc à se libérer de la condescendance, de son paternalisme. Elle reste ferme et cherche à se faire respecter autant qu'à respecter l'autre. Surtout, elle s'ouvre à la discussion et dépasse certains préjugés.
Les deux femmes se poussent mutuellement dans leurs retranchements et c'est probablement ce qui les attirent aussi irrésistiblement l'une vers l'autre.
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Créée
le 26 mars 2019
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