Armistead Maupin, écrivain américain et ouvertement homosexuel, est surtout connu pour sa saga Les chroniques de San Francisco (Tales of the City en VO). En 2000, il publiait un roman atypique : Une voix dans la nuit (The Night Listener).

A San Francisco, Gabriel Noone, célèbre écrivain et animateur radio, est dans une mauvaise passe. Son compagnon de dix ans, Jess, vient de le quitter. Alors qu'il se débat dans les affres de ce chagrin d'amour, il entame une relation téléphonique un peu particulière avec un jeune garçon de treize ans. Ce dernier, qui voue un véritable culte à Gabriel, lui fait parvenir un manuscrit bouleversant. Victime de ses parents, maltraité, recueilli par une psychologue de Milwaukee, atteint du sida et en phase terminale de la maladie, Pete devient pour Gabriel une sorte de fils par procuration. Cependant, au fil de leur discussion le doute s'insinue : Pete existe-t-il vraiment ou n'est-il que le fruit de l'imagination de quelqu'un d'autre ?

Le roman est prenant et passionnant mais il prend encore plus de profondeur quand on sait que l'histoire est inspirée de celle qu'Armistead Maupin a réellement vécu lors de l'affaire « Anthony Godby Johnson« . Le personnage de Gabriel Noone est très fortement autobiographique, tout comme l'évolution de ses relations avec son père d'une part, et avec son ex-compagnon Jess d'autre part. Même si ce n'est pas le coeur du récit, j'ai apprécié les réflexions de Gabriel sur sa rupture avec Jess et sa façon de ne pas l'accepter.

On note également quelques allusions sympathiques aux Chroniques de San Francisco, la plus remarquable étant la présence dans l'entourage de Gabriel d'Anna, qui évoque son frère jumeau Edgar et sa mère DeDe Halcyon qui partage toujours sa vie avec D'orothea.

La relation entre Gabriel et Pete est incroyable, dans tous les sens du terme. C'est sur ce duo improbable que repose le récit qui nous permet de suivre l'évolution de leur relation et le chemin emprunté par Gabriel, de la curiosité jusqu'au doute. il est parfois difficile de croire à la véracité des événements que nous raconte Armistead Maupin et tout l'un des intérêts de ce roman est justement de faire le tri entre la réalité et la fiction, et ceci avec deux niveaux de lecture : dans l'histoire elle-même, et en tant que récit autobiographique.

J'avais été conquis par ma première lecture il y a quelques années et cette deuxième lecture ne m'a pas déçu. Entre le thriller psychologique et l'auto-biographie déguisée, c'est un livre très fort sur les relations humaines, sur le mensonge, sur le couple et sur la paternité. C'est l'un des livres qui m'a le plus marqué, l'un de ceux qui j'emmènerais avec moi sur une île déserte.
ZeroJanvier
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le 24 sept. 2010

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Zéro Janvier

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