Ouf elle est enfin venue ... Je parle de l'exaltation que ressent un lecteur face à ce qui est beau en littérature. A force de lire des thrillers et ces livres qui captivent mais qui restent plats au niveau du style et de l'esthétique, j'en était venu à penser que la littérature n'était pas faite pour moi. Un problème générationnel peut être ...
Mais non, Michel m'a prouvé qu'on pouvait apprécier un livre pour d'autre motifs que les bons vieux frissons ou les scènes de cul bien baveuses. Avec cet ouvrage, Michel Tournier dépeint de manière originale l'aventure de l'ami Robinson sur son île déserte.
L'auteur met le tout en scène de sorte à ce qu'on assiste à une véritable renaissance du personnage. Il est à l'état de fœtus dans la souille où il n'a pas encore pris conscience de la richesse que peut lui apporter son environnement. Ensuite, il devient un enfant qui exécute docilement ce qui a été enseigné par ses géniteurs. Durant cette phase il tente de reproduire la société dans laquelle il a été bercé avant le naufrage. Comme un gamin, il a des idées absurdes le Robinson. Bah oui, un code pénal pour se punir lui même, c'est profondément extravagant ça. Puis arrive la période de l'adolescence, cette fois il s'écarte un peu des règles qu'il s'est imposé pour satisfaire son instinct sexuel primaire. Il s'accouple avec son île et commence ainsi à murir. Mais l'arrivée de Vendredi va véritablement opérer un changement considérable vis à vis de sa condition. C'est là qu'il s’aperçoit que tout ce qu'il a établit précédemment n'est que le fruit de son égoïsme et de son orgueil. Du coup, il tente de se rassurer en haïssant Vendredi, mais au final, Vendredi aura raison de lui. Robinson, devient enfin adulte et commence sa vie d'homme. Il s'épanche devant la beauté de la nature, devant la beauté de Vendredi ... Michel Tournier métaphorise cette transition comme le passage d'une vision tellurique du monde à la vénération de l'astre solaire. J'avoue que le parallèle m'échappe un peu (peut être que je me trompe ...) mais l'écrivain nous montre ainsi ce que c'est d'être Homme et à quel point l'Homme dépourvu de toute influence peut être sage.
La fin est brillante, car elle nous rappelle, de part le choix de chacun des protagonistes, que l'essentiel est de suivre sa volonté la plus sincère et que nul homme ne peut avoir raison pour un autre.