La chronique littéraire sur les radios de l'Arc jurassien
Dans le quartier de Brooklyn, à New York, vivent 3 petits garçons, 3 frères et leurs jeunes parents. Ma travaille de nuit à la Brasserie et Paps navigue d'un job à l'autre.
Dans Vie animale, Justin Torres devient le plus petit des frères pour nous conter une enfance difficile mais poétique. Les enfants vivent dans un monde où ils ont faim, où leurs parents triment pour les faire vivre, mais également dans un monde où la passion se cache derrière un rideau de douche, où le père achète un pick-up pour remplacer la vieille voiture et dont les garçons sont fiers, parce qu'ils ont la plus belle voiture du quartier, même s'il n'y a pas 5 places assises.
Ils vivent dans un monde où ils font toutes les bêtises qu'ils veulent, mais quand Ma dort en rentrant de la Brasserie, ils deviennent les enfants les plus silencieux de la Terre.
Comme des bêtes ils dévorent les légumes du potager du vieil homme, ils cassent la vitre du mobil-home des voisins, ils s'enfuient dans la forêt, ils se battent, griffent, mordent, mais comme des petits garçons ils se blottissent contre leur mère, dansent dans la cuisine, apprennent à nager et bombent le torse de fierté.
Vie animale, c'est un livre de souvenirs que l'on garde de son enfance, des moments forts qui nous ont fait grandir, rire, pleurer, ou qui nous ont traumatisé.
Le narrateur raconte tous ces moments jusqu'à ce qu'il s'éloigne de ses frères, et close la boucle d'une famille hispanique des quartiers pauvres.
L'imagination des enfants est sans limites, et celle de Justin Torres, débordante. Quand il est ce petit garçon, il emploie les mots justes, il nous envoûte avec une écriture rythmée et magique. Vie animale n'est jamais triste, même si la meute familiale est sans avenir. Torres nous prouve qu'il est possible de se libérer de la fatalité, de s'éloigner d'une condition déjà toute tracée par sa famille, quitte à se débattre jusqu'à devenir une vraie bête sauvage.