« Vierge » dit-elle… To be or no longer to be ?
Ce sera le fil conducteur du court et percutant roman de Constance Rutherford, franco-britannique âgée de 25 ans, lorsqu’elle l’a écrit.
Du moins, c’est ce qu’elle veut nous faire croire : il faut à tout prix que Maxine perde cette virginité devenue un poids si lourd et socialement handicapant en 2018.
Mais c’est bien autre chose qui s’exprime, la difficulté d’être jeune en ce premier quart de 21° siècle. Le quotidien gris des petits boulots, un job de pionne, non, maintenant on dit assistante d’éducation, dans un lycée où quand « ça sonne, la mélodie évacue les élèves comme une chasse d’eau », un stage de théâtre payé par mémé qui trouve Maxine « un peu coincée », des fêtes où l’on est sensé se divertir et où on s’ennuie profondément.
Heureusement à Paris, il y a Mémé, Simone, et Adair, sa sœur. Il y a l’appartement refuge où on mange du mounassou corrézien. Entre ces trois personnes, une grande tendresse, un ilôt de petits bonheurs, des fous rires, mais aussi une « tour d’ivoire » un peu trop protectrice.
Au loin, il y a les parents, l’enfance et l’adolescence en province, un malaise générationnel traduit par des images fortes, le bilinguisme familial autre forme d’équilibre à trouver, merveilleusement décrit dans un Noël familial totalement hilarant, chez Grandma et Grandad et le discours de Queen Elisabeth qui parle directement à Maxine à l’insu de tous, un voyage improbable à Amsterdam pour rencontrer une coach new age dans un établissement pour puceaux en quête de défloration...
Dès les premières pages on est happé par une écriture rythmique et décapante. Et on avance au fil d’une vraie plume, acide, lucide, virevoltante, tendre et corrosive à la fois.
C’est parfois un peu trash, le malaise générationnel si palpable se traduit par des images fortes et dérangeantes. Mais on rit aussi beaucoup !
C’est une belle évocation de notre époque, vue par les yeux d’une jeune femme drôle, loufoque et un peu triste aussi… qui parvient peu à peu à s’émanciper des injonctions de son entourage.
Au fil de l’écriture elle sort d’une chrysalide qui l’enferme et l’obsède, et conquiert son corps, pour lui trouver sa juste place dans la société.
Ce premier roman m’a touchée comme une fille d’il y a longtemps que j’ai parfois retrouvée, comme mère d’enfants de cette génération Y, un peu perdue entre les X et les Z, élevée au numérique et aux réseaux sociaux, un groupe social créatif, communicatif, pas forcément engagé et parfois un peu paumé.
L’écriture de Constance Rutherford est très forte, condensée, acérée, précise
Elle nous livre des trouvailles de langage absolument délicieuses ; des images inattendues surgissent en d’étonnants condensés de mots comme la cabine de photomaton équipée « d’un tabouret unijambiste ». Ces instantanés jubilatoires, on en trouve à foison.
Et on espère bien en lire encore...
Ce sera le fil conducteur du court et percutant roman de Constance Rutherford, franco-britannique âgée de 25 ans, lorsqu’elle l’a écrit
Du moins, c’est ce qu’elle veut nous faire croire : il faut à tout prix que Maxine perde cette virginité devenue un poids si lourd et socialement handicapant en 2018.
Mais c’est bien autre chose qui s’exprime, la difficulté d’être jeune en ce premier quart de 21° siècle. Le quotidien gris des petits boulots, un job de pionne, non, maintenant on dit assistante d’éducation, dans un lycée où quand « ça sonne, la mélodie évacue les élèves comme une chasse d’eau », un stage de théâtre payé par mémé qui trouve Maxine « un peu coincée », des fêtes où l’on est sensé se divertir et où on s’ennuie profondément.
Heureusement à Paris, il y a Mémé, Simone, et Adair, sa sœur. Il y a l’appartement refuge où on mange du mounassou corrézien. Entre ces trois personnes, une grande tendresse, un ilôt de petits bonheurs, des fous rires, mais aussi une « tour d’ivoire » un peu trop protectrice.
Au loin, il y a les parents, l’enfance et l’adolescence en province, un malaise générationnel traduit par des images fortes, le bilinguisme familial autre forme d’équilibre à trouver, merveilleusement décrit dans un Noël familial totalement hilarant, chez Grandma et Grandad et le discours de Queen Elisabeth qui parle directement à Maxine à l’insu de tous, un voyage improbable à Amsterdam pour rencontrer une coach new age dans un établissement pour puceaux en quête de défloration...
Dès les premières pages on est happé par une écriture rythmique et décapante. Et on avance au fil d’une vraie plume, acide, lucide, virevoltante, tendre et corrosive à la fois.
C’est parfois un peu trash, le malaise générationnel si palpable se traduit par des images fortes et dérangeantes. Mais on rit aussi beaucoup !
C’est une belle évocation de notre époque, vue par les yeux d’une jeune femme drôle, loufoque et un peu triste aussi… qui parvient peu à peu à s’émanciper des injonctions de son entourage.
Au fil de l’écriture elle sort d’une chrysalide qui l’enferme et l’obsède, et conquiert son corps, pour lui trouver sa juste place dans la société.
Ce premier roman m’a touchée comme une fille d’il y a longtemps que j’ai parfois retrouvée, comme mère d’enfants de cette génération Y, un peu perdue entre les X et les Z, élevée au numérique et aux réseaux sociaux, un groupe social créatif, communicatif, pas forcément engagé et parfois un peu paumé.
L’écriture de Constance Rutherford est très forte, condensée, acérée, précise
Elle nous livre des trouvailles de langage absolument délicieuses ; des images inattendues surgissent en d’étonnants condensés de mots comme la cabine de photomaton équipée « d’un tabouret unijambiste ». Ces instantanés jubilatoires, on en trouve à foison.
Et on espère bien en lire encore.
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Créée
le 4 nov. 2023
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