Vies et mort de Lucy Loveless, Laura Sheperd-Robinson, 10/18 (traduit par Pascale Haas)
Londres 1782, Lucy Loveless meurt dans les bras de son amie, Caroline Corsham, qui ignorait qu’elle fût une prostituée favorite d’hommes puissants. Caro, avec l’aide de Peregrine Child, cherche à trouver le coupable du meurtre de son amie, quitte à perdre sa réputation.
Laura Sheperd-Robinson a écrit un premier très bon roman, Blood&Sugar, qui mettait en scène Harry Corsham, le mari de Caroline et Peregrine Child. Cette fois-ci, place aux femmes, Caro l’enquêtrice, prête à tout pour confondre le meurtrier et Lucy, Kitty, Pamela et les autres, prostituées de Londres. Dans sa postface, elle écrit que "Le commerce du sexe représentait une part considérable de l’économie géorgienne." Une londonienne sur cinq s’y serait adonné.
Alors l’autrice plonge dans les bas-fonds de la ville, mais aussi dans le beau monde. Les filles issues de familles pauvres, mais qui ont la chance d’avoir un physique avantageux peuvent espérer gagner suffisamment d’argent pour vivre voire même trouver un protecteur et l’épouser. Certaines intègrent des lieux de plaisirs dans lesquels elles côtoient des hommes riches, parfois malheureusement pour elles, des pervers ou des gens aux goûts sexuels particuliers qui n’ont que peu de considération pour les femmes en général et encore moins pour les prostituées. Elle dépeint ce milieu délétère pour ces femmes. C’est documenté et vraiment passionnant de voyager dans le Londres d’il y a presque deux siècles et demi.
Caroline Corsham est attachante, elle ne renonce pas, se heurte aux conventions de l’époque, les contourne, les surmonte. Il lui faut une force de caractère peu commune et un fatalisme certain quant aux ragots et commérages sur son comportement et ses actes.
Ce -très- gros roman se lit d’une traite -ok, une grosse traite-, on a de la peine à le fermer, tout autant intéressé par les descriptions du Londres de l’époque, que par l’intrigue -les intrigues devrais-je dire- ou la vie de Caroline ou Peregrine Child et celles des puissants débauchés.
Il semble que les deux romans de Laura Sheperd-Robinson puissent se lire séparément, mais un conseil, lisez les deux et dans l’ordre, c’est encore mieux.