Ce n'est pas une étude : 100 pages dont les 20 premières hors sujet...
Michel Onfray en fait des tonnes, il surjoue et se répète, mutiplie les comparaisons litaniques...." l'éthique est l'art de vivre comme un saumon ou comme un écureuil, une couleuvre ou une abeille, mais aussi comme un chêne ou un lac, une montagne ou un nuage, ou bien encore comme une rivière ou un torrent, un ruisseau ou un étang... " (que d'eau, que d'eau)
Cet exemple (p41) n'est pas fini, la suite enchaine direct sur une autre litanie.
Tout ça nous balade, mais n'est pas très dense sur le sujet !
Il n'y a pas de bibliographie, et à 4 exceptions près, les citations ne sont pas référencées. On ne sait pas d'où viennent les infos....et pourtant il y a des "pépites" comme ces citations des dissertes de lycée ou d'étudiant (il est sorti d'Harvard à 20 ans, peut-on comparer le cursus de cette époque à un cursus universitaire?). Thoreau s'y positionne sur la vie qu'il mènera effectivement, et Onfray dit joliment "L'enfant qu'il fut a bien été le père de l'homme qu'il a été".
Ce qui m'a manqué c'est plusieurs approfondissements
du discours de la désobéissance, et de sa pratique: au delà de rappeler la nuit passée par Thoreau en prison pour refus de paiement de l'impôt et le fait qu'à la fin de sa (courte) vie, il prône la force pour abolir l'esclavage, on n'a aucune citation référencée, aucun écho de son entourage, de la société de son temps et des générations suivantes : Onfray serait-il le seul à avoir "découvert" que Thoreau n'a pas été un nonviolent (Désobéissance ne signifie pas nonviolence, allez-voir les gilets jaunes !). Il n'y aucune allusion non plus au fait qu'Onfray publie son livre un an après l'élection de Trump, et que Thoreau est relu aux USA
pas d'approfondissement non plus sur le thème du "simple living" (sustainable living) qui a une histoire,, qu'il audrait différencier de l'ascetisme (la relation de Thoreau a l'ascétisme n'est pas creusée non plus...)
accessoirement, l'analyse de la société indienne est présentée de façon caricaturale : Onfray définit la pensée indienne comme le contraire de la civilisation technique (p 53 à 56, c'est le seul moment où Onfray cite ses sources, est-il mal à l'aise ?). Par ailleurs on apprend que Thoreau préparait une oeuvre ethnologique sur les indiens et qu'il avait rédigé 2800 pages de notes sur ce livre qu'il n'a pas pu écrire. La pensée d'Onfray sur le sujet est un en-cas qui ne nourrit pas vraiment.
Pas plus sur la méditation : le journal doit donner quelques lueurs sur ce sujet, vu par un pratiquant du 19eme siecle passonné par l'asie et ses sagesses ?
Habituellement, quand Onfray travaille sur un auteur, comme Freud par exemple, il cite ses sources et revendique bien fort avoir tout lu, y compris journal et correspondance.
Ici, la discretion est de rigueur : avec son savoir-faire et son "métier", il a déniché suffisamment de citations et d'observations pour penser que cela allait suffire : il le trouve sympathique, Thoreau, mais ne justifiant pas d'un travail approfondi...