Vols en piqué dans la salle et autres textes

Résumé : Précurseur de ce que nous connaissons bien au théâtre aujourd'hui, le comique Karl Valentin (1882-1948) innove dans tout ce qu'il entreprend ; l'effet de surprise, d'étrangeté, les ruptures de ton, de jeu, tous ces éléments qui constituent la base des films burlesques américains et de l'entreprise de dénaturalisation du jeu menée par Brecht, sont présents sous les traits de ce grand clown du quotidien.Trois longs sketches à plusieurs personnages, dont le fameux Pied de l'arbre de Noël, et treize courtes scènes à deux constituent la matière de ce troisième volume de l'oeuvre satirique de Karl Valentin.Extrait du livre :LE PIED DE L'ARBRE DE NOÿLDe pauvres petites gens veulent fêter Noël avec six mois de retard. La scène représente leur intérieur misérable. Par la grande fenêtre du milieu, on a vue sur un splendide paysage de printemps avec des arbres en fleurs. Les ustensiles du ménage sont dispersés pêle-mêle : un tricycle d'enfant contre le mur du fond, recouvert d'un vieux sac, une commode avec de la vaisselle cassée, un Gramophone et un vieux poêle en fer, aux murs une horloge de cuisine, des chromos bon marché et un trombone à coulisse ; un téléphone de table, des buvards, un nécessaire à tricoter avec de la grosse laine complètent le désordre. On se rend compte qu'il s'agit d'un jour de fête à la tarte couverte de chantilly, qui a l'air fort appétissante, posée sur une chaise près de l'armoire à vêtements. Le crépuscule tombe peu à peu. Avant le lever du rideau on entend le Gramophone jouer : «Oh Noël de joie, de félicité et de grâce.»LA MERE (Liesl Karlstadt).- (est assise à une petite table ronde au milieu de la scène, vêtue d'une modeste robe d'intérieur, avec un tablier bleu et des pantoufles, sous la lampe à pétrole démodée, suspendue au plafond ; elle pleure, la tête e