Une critique de la Nasa et de la politique spatiale américaine
Voyage correspond au deuxième livre de Baxter que je lis, après Titan que j'ai adoré.
Ce livre est avant tout très documenté sur les astronautes (leur mentalité, leur formation), la Nasa (son côté finalement très bordélique, ses clans internes comprenant notamment les allemands ayant conçu les V2), la politique spatiale américaine avec ses tractations entre Nasa et politiciens (ces derniers ayant souvent une vision à court terme), les ingénieurs et leurs projets concurrents ...
Toutefois, je l'ai trouvé au final moins plaisant à lire que Titan, ayant un poil de mal à accrocher aux héros et trouvant la façon dont est présenté le but de ce voyage, Mars, moins onirique alors que je rêve (et doute de plus de plus) de voir de mon vivant des astronautes mettre le pied sur cette planète.
En fait, c'est seulement après coup que je comprends pourquoi j'ai eu du mal à accrocher à ce livre. Sous ses airs de roman uchronique, il s'agit en fait d'une critique vive de la Nasa et de la politique spatiale américaine, reprochant :
- le manque de vision à long terme de l'agence
- le développement bordélique de certains projets avec mise en concurrence d'équipes d'ingénieurs issus de labos différents
- la mise au placard de technologies prometteuses qui risquent un jour de nous faire défaut dans la conquête du système solaire
- la trop forte influence des politiciens qui décident des budgets et arrêtent les programmes lancés quelques années plus tôt par leurs adversaires politiques malgré des milliards investis
Les dernières pages sont les seules du livre où l'on sent un réellement zeste de passion, quand finalement le livre sort de la critique voilée pour se lancer dans ce qu'il nous annonçait depuis le départ, c'est à dire une aventure spatiale.
Je me demande ce que réserve le tome 2, même si je commence à m'en douter :-)
PS: Et puis je suis surpris du fait que l'auteur ne considère pas vu un tel voyage, un vaisseau avec une partie permettant de reproduire un minimum de gravité pour les astronautes.
Edit: Ayant fini le deuxième tome, il est effectivement plus passionné que le première dans le sens où l'histoire est plus romancée et où il s'éloigne de la critique voilée pour devenir le récit d'une conquête spatiale n'ayant dans notre cas, jamais eu lieu, alors que cela aurait été possible (voir la postface du 2° tome).
Ces deux livres forment un tout qu'il faut lire d'affilée, puisque le 2° commence exactement là ou le 1° s'arrête, et l'ensemble est bien plus cohérent que les deux tomes séparés.
Et comme je l'évoque dans ma 2° critique, la Nasa a quand même pu obtenir de fabuleux résultats sans être allée sur Mars, via des projets comme les sondes du programme Discovery.