Voyages en Perse

Résumé : Comment peut-on être persan ? Le mieux est encore daller voir. C'est ce que fit Jean Chardin, à la fin du XVIIe siècle. Il se lança dans le commerce des diamants et Shah Abbas II le nomma son marchand de pierres précieuses. C'est en tant que représentant de la Compagnie anglaise des Indes orientales que Jean Chardin entama en 1686 la publication de ses Voyages en Perse, dont voici des extraits choisis. Cette relation passionnante, qui traite tout à la fois des structures politiques de 1 Empire perse, des sciences, des arts, de L'industrie, des monuments, des moeurs et des coutumes, reçut les éloges de Rousseau. Voltaire et Gibbon et devint le livre de chevet de Montesquieu. Empreints d'un sens aigu de l'observation et considérés par les spécialistes comme une source historique de première main sur la culture et la civilisation persanes de l'époque, les Voyages de Chardin gardent encore aujourd'hui un intérêt considérable.Extrait du livre :L'Inclination à voyager Il n'y a que les Européens au monde qui voyagent par curiosité. La raison s'en doit tirer, à mon avis, de la nature de notre climat; car j'ai toujours recours au climat en cherchant la raison des habitudes, et des manières des hommes, et même de leur génie, parce que j'y trouve plus de solidité qu'en toutes les autres causes qu'on en allègue. L'air de notre Europe nous expose par sa rigueur à plus de besoins que les hommes des climats orientaux : il exige plus d'aliments, plus de vêtements, plus de remèdes, et plus de préservatifs : et comme notre air concentre davantage la chaleur naturelle, il rend le sang plus bouillant : ce qui communique à nos esprits ces mouvements inquiets dont ils sont agités. Or, c'est à nos besoins d'un côté, et de l'autre à notre inquiétude naturelle, que je rapporte notre inclination à voyager; et de quelque beau nom qu'on la qualifie, qu'on l'appelle louable curios