Une intrigue bien menée mais qui finit à l'eau
Si on prend les deux premiers tiers de Wicked, le livre vaut au moins 9.
La présentation de Oz, bien moins acidulée que l'originale de LF Baum, est très intéressante. C'est peut-être ce que j'ai le plus apprécié dans le livre: le fait de prendre à contrepied une description idyllique, et montrer que tout n'est pas si rose.
La route jaune aura par exemple exacerbé les tensions entre les différents peuples de Oz. Le magicien est en fait un dictateur sans merci, etc... Au final, le monde de Oz se rapproche énormément de notre monde, avec une histoire torturée, un lot de machinations politiques, de déportations, de guerres,... De nombreuses questions sont soulevées (les génocides, la stigmatisation des minorités, le rôle de la religion ou de la morale, l'appât de la célébrité et de la reconnaissance, le rôle des médias, ...) et résonnent comme une critique de notre système actuel.
Le personnage principal, Elpheba, est très bien dépeinte, et très attachante. On comprend beaucoup de chose sur celle qui deviendra plus tard "la méchante sorcière de l'ouest", les raisons de sa mise au ban, et tout ce qui va avec. Possédant un fort caractère et un esprit cartésien, elle contraste énormément avec Galinda, la jeune étudiante qui partage sa chambre à l'université. L'histoire d'amitié entre les deux est au final peu traitée, mais il est intéressant de voir comment de la détestation la plus complète, on aboutit à une sorte de complicité...
On suit, haletants, Elpheba dans sa quête de la vérité et de ce qu'il lui semble être la justice. On se surprend à prendre parti pour sa cause. Et puis...
... Et puis arrive le dernier tiers du livre. Tout l'univers, construit méticuleusement par l'auteur, toute la recherche des caractères, tout part en sucette. C'est vraiment l'impression que j'ai eu en refermant le livre. Je me suis dit que la fin avait été bâclée. L'auteur s'éparpille dans les derniers chapitres, accélère le rythme qui était jusque là plutôt posé, et finit par lâcher sa fin comme on lâche un étron. Et c'est vraiment dommage...