Le regard porté par Shiguehiko Hasumi sur le cinéma d’Ozu bouscule, en 1983, les idées reçues qui circulent alors, propose dans son ouvrage une réflexion personnelle qui se veut positiviste par réaction à l’approche négative adoptée jusqu’alors. Là réside la valeur de cet ouvrage découpé en chapitres thématiques et qui livrent, dans un vaste jeu d’échos, le portrait d’un cinéma qui se meut dans l’immobilité, où chaque détail, chaque action, aussi futile puisse-t-elle sembler, chaque vêtement comptent. Le seul reproche à adresser à Hasumi n’est pas entièrement de son ressort : la traduction française souffre de nombreuses répétitions et approximations – ainsi que des fautes ! – qui entachent la qualité du raisonnement. L’édition mériterait une correction plus soignée, un éclaircissement de la pensée parfois inutilement alambiquée. Demeure un très bel ouvrage critique qui nous invite à nous replonger dans le cinéma d’Ozu.