Bouarf
On s’emmerde dans cette histoire, à l’image du protagoniste, Djian himself. Ca picole, ça fume, ça baise, c’est insatisfaisant et le bouquin est à l’avenant. Chiant.Zone érogène, mon cul...
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le 10 mai 2022
Parfois, choisir un roman par curiosité peut s’avérer une expérience très étrange. C’est le cas de celui-ci. Premier contact avec Philippe Djian, je ne savais évidemment pas à quoi m’attendre. Le choc n’en fut que plus violent.
L’histoire raconte celle d’un écrivain au succès modéré qui essaie difficilement de joindre les deux bouts. Je ne sais pas si alcool, sexe et balade en voiture sous un ciel d’aquarelles font partie du quotidien de tout écrivain, mais je me plais à croire qu’il ne s’agit ici que d’un cas isolé.
Les péripéties de Philippe, Djian lui aussi, relèvent des aventures de monsieur tout le monde, nageant dans un océan peuplé de requins cherchant comment remplir le frigo et surtout à le vider. Un peu lâche, un peu amer, avec ses défauts et qualités, ses coups de gueule, son ras- le-bol, enfin vous savez bien.
Mais, même si le sujet de prime abord semble assez bateau, voire dénué d’intérêt, sous la surface nous y découvrons bien plus que ce que la couverture nous annonce. Non, ce n’est pas un recueil de parties de jambes en l’air, il y a aussi d’autres choses. Un tas de choses.
Le coup vient du style. Loin des styles brossés de la grande littérature, nous virons ici dans une tournure très verbale. Certains pensent qu’il s’agit de la meilleure manière de développer un style, car personne ne parle exactement comme nous. C’est une chose qui m’a beaucoup perturbé et qui m’a demandé un long temps d’adaptation. Conclusion : merci mais non merci.
Le contre-coup vient des détails. Liés au style, le fond et la forme se culbutent dans un phrasé très charnel. Bien que déstabilisants, les passages très crus et concrets de la vie de tous les jours (l’alcool, les soirées, l’odeur d’une voiture, le sexe, surtout le sexe en fait) suintent d’un réalisme dérangeant. Sitôt le malaise installé, il nous peint avec ses mots un coucher de soleil digne des plus grands peintres, une envolée lyrique aux mots ciselés, une pensée tranchante et précise. C’est probablement cet aspect du livre qui m’a le plus ravi.
Les thèmes abordés sont divers et bien plus riches que le roman n’y laisse penser. La relation de couple inexpliquée proche de l’accoutumance, l’indépendance financière et émotionnelle, la réalité du quotidien, les femmes, l’homosexualité, je vous laisse découvrir la suite; le tout dans une forme crue et percutante.
L’esprit caustique et nihiliste du personnage de Philippe, nous offre un Hank Moody des bas quartiers confronté à une réalité bien plus difficile qu’en Californie, bien que les paysages de palmiers sur fond de mer écarlate nous la rappelle facilement.
En somme, cette Zone Érogène ne plaira pas à tout le monde, c’est choquant et particulier. Je connais une personne qui n’a su en lire que les 10 premières pages. Il faut s’accrocher. Après tout, on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs.
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Créée
le 23 juin 2017
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