Elle était tout, représentait l'abondance, la vie dans son plus simple costume.
Quelques jours plus tard seulement, ce monde idyllique a chu, s'écrasant de tout son poids sur ces innocents inconscients. Leur monde, fièrement construit, bâti par leurs frêles mains s'abattit sur leurs épaules, sans crier gare. Certains l'avaient pressenti ou du moins rêvé, c'était de l'ordre de l'hypothèse, voir du fantastique. Une mince possibilité parmi tant d'autres, rien de concret.
Les ignares, les bienheureux, ne pouvaient adhérer à la scène qui se jouait sous leurs yeux globuleux. Il n'y avait ni orchestre, ni stroboscope pour souligner ces images irréelles. Le monde a chu, cependant aucun n'a su quoi dire. Les mots manquaient cruellement pour décrire cette atrocité, tous les habitants avaient miraculeusement perdu leur voix, en plus de leur toit.
Elle regardait le ciel qui lui apparût d'un bleu déconcertant. Ce miséricordieux se moquait allègrement, lui intimant de chercher ses réponses saugrenues ailleurs, du moins, si elles existaient réellement. Plusieurs heures passèrent avant que ses yeux ne soient en capacité de s'abaisser, prenant le risque d'en rencontrer d'autres au détour d'une ruelle sinueuse.
La cité démolie a emporté les rêves de chacun, désormais enfouis sous la masse de décombres extatiques.
C'est à présent l'obscurité qui s'empare de sa vie et qui l'engloutit peu à peu.
Fuyez ! Lui ont-ils hurlé. Il n'y a plus rien à sauver ici. C'est votre âme en miettes qu'il faut tenter de reconstituer. Fouillez, ramassez tous les fragments que vous trouverez, il est peut-être encore temps.
Ce n'était pas le temps qui manquait, hélas, elle n'était plus capable de s'agenouiller sans se laisser tomber. Partir à la recherche de ces pièces désuètes était à présent impossible.