Heavier Things, c'est le deuxième LP de Mayer. Cet album est, je dirais, très ancré dans les années 2000. "Clarity", la première piste, est une sorte de machine à remonter le temps. C'est le son d'il y a quinze ans. Cet album, c'est pas le meilleur de Mayer. A première écoute, il n'y a vraiment rien de transcendant - surtout quand on a déjà écouté Continuum. Bref, on s'y attarde peu. D'autant plus que le titre le plus connu de l'album, celui qui a déferlé sur les radios américaines, est une ballade disant aux pères de familles d'être bons envers leurs filles car c'est cet amour qui définit l'estime qu'elles auront d'elles-mêmes.
Les producteurs avaient choisi de parier sur quelque chose de sûr et donc de lancer "Daughters" en single. Une chose que Mayer ne souhaitait pas - qui lui a offert le Grammy de la meilleure chanson de l'année - mais qui, il en avait bien peur, allait le classer dans la catégories du "singer/songwriter". C'est cette même crainte qui est à l'origine de Continuum.
Bref, revenons-en à "Come Back To Bed". L'agitation autour de "Daughters" nous fait oublier de réécouter l'album, et de nous concentrer sur les autres chansons. Elle se cache pile au milieu de l'album, cette chanson. Comment peut-on la louper ? On est concentré sur le début de l'album, puis on se perd dans ses pensées avant de revenir à la réalité quand on entend les premières notes ultra familières de la n°9 ? Je ne sais pas, mais c'est dommage.
"Come Back To Bed" est pourtant une chanson de grande qualité. Elle prend aux tripes dès la première seconde avec cette batterie et les quelques notes de guitare (au son typique de Mayer). Le rythme est lent, la voix n'est pas tout à fait posée mais pas tout à fait dans les aigus. Le premier refrain arrive assez rapidement, accompagné de ses cuivres. Les paroles, le ton, la répétition du titre : il veut vraiment se réconcilier avec sa copine ! Il commence le deuxième couplet et enchaîne rapidement sur le refrain de retour. Puis vient le solo de guitare, une véritable montée en puissance mais qui reste pourtant simple (ou c'est ce que l'on croit - faire croire que tout est simple, c'est ça le plus difficile). Refrain, solo, refrain solo, cela paraît bien simple et pourtant, c'est une fois de plus son jeu de guitare qui convainc. Oh et puis ces petits breaks vers la fin ? Et ceci n'est que le côté musical du morceau, je ne parle pas du texte (il nous joue encore un tour).
Bref, je ne suis pas certaine d'être la meilleure dans la critique de morceaux, mais celui-ci est tellement ignoré qu'il faut bien que je fasse quelque chose. Il ne l'a joué que très rarement en concert et c'est bien bien dommage. Cette chanson est pour moi aussi importante que "Gravity" qui est (encore selon moi) un chef d'oeuvre.
J'aurais bien vu "Come Back To Bed" en dernière piste de l'album, histoire que la sensation qui nous reste après écoute ne soit pas mise à mal par le début d'un autre morceau.
A écouter encore et encore.
(Edit) NB: Dans sa conférence à Berklee, il dit lui-même qu'il s'attendait à ce que ce soit LA chanson de l'album, que ce soit la chanson qui parle aux gens, etc.