Tiens, j'ai quelques minutes avant de partir pour la séance prévue et j'en profite pour parler d'une chanson qui me trotte dans la tête ces jours-ci et pourtant on ne la passe plus sur les ondes depuis bien longtemps. C'est la première chanson de Ferré que j'ai entendue (via un microsillon que possédait je ne sais plus qui) et elle m'a fait par la même occasion découvrir et aimer ce chanteur. C'était il y a des lustres. Nous étions dans l'appartement de... peut-être bien une copine étudiante et son compagnon. Ils devaient se marier et lui travaillait déjà. C'était le soir, je ne me sentais pas très à l'aise, un peu déplacé au milieu d'une bande de copains plus ou moins proches. Et parmi ce groupe, se trouvait une personne pour laquelle j'éprouvais ce qu'on appellerait aujourd'hui un flash amoureux, mais j'étais alors bien trop mal dans ma peau, bien trop timide pour le lui faire comprendre. On écoutait, entre autres, cette chanson de Ferré, que cette "personne" disait aimer beaucoup et du coup, j'étais complètement ravagé par la mélodie et les paroles. J'ajoute que nous étions assez proches d'Ostende et que nous nous y rendions parfois en voiture. C'était la fin de l'année universitaire ; j'étais sur le point de partir en vacances avec ma famille (des vacances forcément pépères) et je n'en avais pas du tout envie. J'aurais voulu rester des jours et des jours dans cet appartement avec ces "amis" que je connaissais, en fait, pour la plupart très superficiellement, mais il y avait cette chanson romantique et désespérée et ce sentiment d'emblée contrarié que je sentais naître en moi, la personne en question étant déjà avec quelqu'un. De toute façon, j'étais convaincu (peut-être faussement) de n'avoir aucune chance de lui plaire. Voilà, c'est tout. Nous nous sommes quittés sur un banal "Salut", et je suis parti comme prévu le surlendemain avec mes parents. Et pendant toutes les vacances qui ont suivi, j'ai chanté à tue-tête Comme à Ostende, ma famille se demandant où j'avais ramassé cette chanson "bizarre" et pourquoi je la chantais avec une telle conviction :
Ni gris, ni vert, ni gris ni vert,
comme à Ostende et comme partout,
quand sur la ville tombe la pluie,
et qu'on se demande si c'est utile,
et puis surtout si ça vaut le coup,
si ça vaut le coup
de vivre sa vi-e
https://www.youtube.com/watch?v=3jHw0M2mgJA