Le sens du martyre
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« On est bien peu de chose », c’est un lieu commun dont tout un chacun peut convenir s’il a deux sous de lucidité. En faire une philosophie de vie, c’est déjà moins courant. Et dans le monde du rock, c’est carrément pas une obsession récurrente : ni au temps des rock stars et des supergroupes où l’inflation de l’ego était encouragée par le système et admirée par les fans, ni au temps du punk où on n’était plus dupe mais où on se sentait trop humilié pour être humble, ni aujourd’hui où, le rock étant devenu une affaire de niches, il n’y a tout simplement pas d’obsessions récurrentes. Raison de plus pour saluer deux électrons libres qui ont suffisamment réfléchi et médité sur l’humilité pour en irriguer toute leur oeuvre. Le premier d’entre eux sera Peter Hammill.
Le texte de Four pails est en fait signé Chris Judge Smith, un ami de toujours et co-fondateur de Van der Graaf Generator. Depuis, Peter a collaboré sporadiquement mais régulièrement avec Chris, et il a mêlé ses textes aux siens dans la partie consacrée aux paroles de son site. Ce qui permet de constater à quel point ce qui a été écrit par l’un pourrait l’avoir été par l’autre.
Interrogé sur les contresens faits sur les paroles de Four Pails, Peter a répondu : « Le moteur (drive) de la chanson est unique, mais à cause d’un seul vers les gens comprennent exactement le contraire ». Voilà, voilà.
Quatre seaux d’eau, et un bon sac de sels
C’est tout ce que nous sommes, c’est tout ce qu’il y a dans un homme
Rien que de la chimie, sans esprit, âme ni fantôme
Rien d’aussi bizarre
Rien que toute la foi du monde puisse travestir
Ce qui est vrai est ce que nous craignons le plus
Rien ne peut survivre, si ce n’est les choses que les hommes laissent derrière eux
Tout autre cas de figure serait vraiment trop absurde
Si les pensées restaient vivantes
A coup sûr la science moderne les trouverait
Non, l’âme n’est rien d’autre qu’un mot
Toutes les merveilles réalisées par l’humanité sortent du tissu cérébral
Ce sont les flux et reflux des réactions chimiques qui forment cette Chose qui est toi…
C’est une triste philosophie, mais mieux vaut triste que fausse
Mieux vaut regarder la vérité en face :
Quand on est mort on est mort,
Quand on n’est plus là, on n’est plus là !
Maintenant, elle n’est plus là…
Quatre seaux d’eau, et un bon sac de sels
C’est tout ce qu’elle était, c’est tout ce que représentait la femme que j’aimais
Ça paraît tout aussi fou que dire qu’elle ne mourra jamais
Les idiots peuvent bien s’accrocher à n’importe quoi,
La vérité ne doit pas être circonvenue :
Si l’arbre tombe, l’arbre ne se relève pas !
Quand même, ça paraît si étrange…
Il fut un temps où j’aurais servi un prêche brillant
A présent des questions m’apparaissent, que je ne peux rationnellement pas ignorer…
Le néant ou Dieu,
Lequel des deux semble le plus improbable ?
Il fut un temps où j’aurais répondu clairement
A présent je me contente de croire que je suis presque sûr
Il fut un temps où j’aurais répondu clairement
A présent je me contente de croire que je suis presque sûr.
(extrait de Skin)
https://www.senscritique.com/liste/La_petitesse_vue_par/2802783
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le 28 août 2020
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