On ne vas pas refaire l'histoire du groupe Ten Years After dont je ne m'expliquerais jamais le relatif anonymat au détriment d'autres artistes ou groupes qui étaient aussi présents lors du mythique festival de Woodstock en 1969.
Il y a quelque chose d'incompréhensible dans le fait que "le grand public" n'est pas perçu l'immense talent de ce groupe et la qualité de leurs compositions. Ca restera pour moi un mystère.
Il n'y a qu'à écouter leurs albums et voir les quelques lives disponibles ça et là pour constater que sur la base solide et rigoureuse d'un blues rock très posé dans ses racines classiques, les gars de TYA pouvaient aussi se montrer extrêmement créatifs et novateurs lorsqu'il s'agissait (comme d'autres dans ce début des 70's) de performer sur scène des morceaux de 15 minutes empreints de psychédélisme, de lsd et de riffs inspirés.
Mon propos, ici, sera de mettre en avant ce que je considère comme une des toutes meilleures performances live de Rock de tous les temps.
Alors oui, je vous entends venir, vous allez dire que j'en fait certainement beaucoup trop, mais écoutez mes arguments.
[ Précision, cette critque concerne la version en concert de 1975 dans la mythique salle de concert/patinoire de Winterland à San Francisco]
Dès le début du morceau la couleur est annoncée par des motifs hyper répétitifs et définivement basés sur une assise blues-rock mais principalement blues.
Les deux premiers refrains se passent, servis au chant par le très "brut de décoffrage" Alvin Lee qui, s'il n'est pas le plus charismatique ni le plus technicien des interprêtes, apporte toutefois une implication sincère et un côté "âpre" dans son chant.
Et c'est aux alentours de 2min50 (sur 8min) que se débute un moment d'exception, unique et bouleversant.
Aprsè s'être salué comme des duettistes, des combattants ou des danseurs, Alvin Lee et le "moustachious" bassiste Léo Lyons se lance dans une performance de double solo guitare basse d'une virtuosité invraisemblable.
Pour les plus jeunes, ça fait penser à la "Fuuu...siooon" de Dragon Ball.
Guitare et basse partent dans un solo rapide, trépidant avec des moments d'harmonie, des moments décalés, des provocations et des réponses, c'est étourdissant.
A un moment, alors qu'Alvin Lee prend un peu le dessus par ses riffs, bien plus rock cette fois, Lyons se met en mode "transe" sur sa basse ce qui a pour effet de mettre encore plus en valeurs les cris de la guitare d'Alvin.
Et lorsque l'on croit que l'on a atteint le climax ver 4min45, c'est à ce moment que revient la batterie de Ric Lee (silentieuse durant le solo) avec un déferlement hyper complexe et technique qui sonne la charge finale du solo.
Pour ainsi dire un bouble solo ... et demi.
Et cela donne un peu plus de 30 longues secondes de transe chamanique electrifiée, une quintescence du rock psychédélique.
Enfin, de 5min25 à la fin dur morceau, après un lent retour sur le motif musical d'origine et le riff simple et répétitif du début, le morceau remonte en intensité en faisant la synthèse de toutes les nuances et variations sonores des 2 parties, dans un final "hargneux" et libératoire.
Ayant adoré quelques morceaux du groupe sur lesquel j'étais tombé par hasard, ce "Good morning little school girl" de 1975 m'a d'abord attiré l'oeil pour le jeu "surnaturel" du bassiste Léo Lyons : Oui, quand tu ne vois même plus la main droite tellement elle joue vite et qu'il y a certains mouvements de doigts que tu n'arrives pas à expliquer avec les lois de la physique actuelle, ça attire l'oeil...
Et puis le reste m'a alors éclaté au visage par ce génie combiné de ces interprètes.
Aucun n'est une superstar, mais ils ont su créer ici selon moi un moment unique de l'histoire du rock, une alchimie.
Lien vers le morceau sur Youtube, qualité son moyenne mais suffisante. Enjoy !
https://www.youtube.com/watch?v=q6NskLyMpRc&list=RDq6NskLyMpRc&index=1