Le sens du martyre
(Attention, SPOILS en nombre vers la fin – inséparables de l’analyse) Terence Fletcher, c’est l’anti-John Keating. Il n’encourage pas l'épanouissement des personnalités, il les rabaisse, il...
Par
le 17 mars 2017
37 j'aime
10
Bien avant que Yoko n’apprenne à John comment déployer une vision du monde en 15 mots, Paul savait naturellement le faire en puisant dans ses capacités de naïveté et d’émerveillement pour user de son sens bien à lui de la nursery rhyme. Et bien avant qu’il ne l’explicite, j’avais reçu 5 sur 5 (et même peut-être 10 sur 5) le message d’Hello goodbye : une chanson sur le conflit, extérieur et extérieur – sur la nécessité naturelle du conflit - sur l’essence dérisoire du conflit – sur les embrouillaminis, les tensions et les rapprochements qui résolvent les conflits - sur l’antériorité de la positivité par rapport à la négativité – sur la supériorité de l’ouverture par rapport à la fermeture.
Mais c’est intéressant de voir comment Paul s’est compris lui-même, à l’époque et après. « La réponse à toute chose est simple. C’est une chanson sur tout et rien… Là où il y a le noir il faut qu’il y ait le blanc. C’est ça qui est extraordinaire dans la vie. » (dans Disc & Music Echo, 1967) « C’est une chanson placée sous le signe des Gémeaux (1) je crois. La dualité est un thème si profond, si universel – homme / femme, noir / blanc, l’ébène / l’ivoire, le haut / le bas, le bien / le mal, bonjour / au revoir – que les paroles me sont venues très facilement. C’est simplement une chanson sur la dualité, où je me fais l’avocat du positif. Oui, je me faisais l’avocat du côté positif de la dualité, et c’est toujours le cas à ce jour. » ((dans Many Years From Now de Barry Miles, 1997)
C’est bien pourquoi je trouve ce texte littéralement génial : il concentre le génie de Paul, au sens premier d’ensemble des dispositions spécifiques et distinctives qui caractérise une personne. Il n’a jamais fait mieux. Il n’a jamais été mieux.
Tu dis oui, je dis non
Tu dis stop
Et moi je dis feu vert !
Oh là là
Toi tu dis ciao (2) et moi je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Je dis haut, tu dis bas
Tu dis : Pourquoi ?
Et je dis : J’en sais rien !
Oh là là
Toi tu dis ciao et moi je dis bonjour
(Bonjour, ciao, bonjour, ciao) Bonjour, bonjour
(Bonjour, ciao) Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
(Bonjour, ciao, bonjour, ciao) Bonjour, bonjour
(Bonjour, ciao) Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
(Bonjour, ciao)
Mais enfin pourquoi pourquoi pourquoi tu dis ciao ???
Ciaooooooooooo !!!
Oh là là
Toi tu dis ciao et moi je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Tu dis oui (Je dis oui)
Je dis non (Mais peut-être que je veux dire non)
Tu dis stop (Je peux rester)
Et moi je dis feu vert ! (Jusqu’à l’heure de partir)
Oh là là
Toi tu dis ciao et moi je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao, je dis bonjour
Bonjour bonjour
Je ne sais pas pourquoi tu dis ciao,
Moi je dis bonjour
Bonjour !
(Outro)
(1) C’est le signe de Paul, né un 18 juin.
(2) Le français « au revoir » est sémantiquement moins fermé que l’anglais « goodbye », qui veut aussi dire « adieu ». « Ciao », ça se situe entre les deux.
https://www.senscritique.com/liste/Le_Lagarde_et_Michard_du_rock_Paul_Mc_Cartney/2807132
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Le Lagarde et Michard du rock : Paul McCartney
Créée
le 30 août 2020
Critique lue 159 fois
8 j'aime
1 commentaire
Du même critique
(Attention, SPOILS en nombre vers la fin – inséparables de l’analyse) Terence Fletcher, c’est l’anti-John Keating. Il n’encourage pas l'épanouissement des personnalités, il les rabaisse, il...
Par
le 17 mars 2017
37 j'aime
10
When I was younger, so much younger than today, ma cousine, cinéphile distinguée mais pas vraiment versée dans l’art musical, m’a emmené voir Help !, le film. J’ai ri comme un bossu sans vraiment...
Par
le 5 oct. 2016
29 j'aime
7
S’il y a bien un argument que je trouve idiot et dont je n’use jamais contre une œuvre, c’est : « Elle a vieilli ». Elle est bien ou elle est pas bien, je l’aime ou je l’aime pas, si qu’on s’en fout...
Par
le 3 sept. 2017
23 j'aime
14