Hurt
7.4
Hurt

Morceau de Youn Sun Nah (2013)

Jeudi 3 juillet 2014.
Minuit.
Vienne, Isère.
Nous sommes installés au balcon du premier étage du théâtre municipal.
On l'attend avec fébrilité.
Petit bout de femme toute frêle, toute timide.
Elle se déplace un peu gauchement, ne semble pas sûre d'elle. Elle est la fragilité, la timidité incarnée. Pour s'en assurer, il faut regarder ses mains. Elle semble ne pas savoir où les placer. Comme si elles la gênaient.
Et puis, elle a cette extrême politesse des Asiatiques, allant jusqu'à s'excuser d'avoir de l'eau alors que nous n'en avons pas par cette chaleur...
Puis, elle commence à chanter.
Et là, une autre femme se présente. Youn Sun Nah ne chante pas, elle plonge littéralement dans la chanson, elle se laisse envahir par la musique, les notes et les accords la transcendent littéralement, la transforment en quelqu'un d'autre.
Et puis, elle a cette voix. Cette terrible, magnifique, extraordinaire voix. Le premier morceau, le douloureux Hurt, m'a transpercé. J'en avais la chair de poule, les larmes au coin des yeux. Sa voix chantait la tristesse profonde, la souffrance enfouie.
Cette voix.
Plus que jamais, en écoutant Youn Sun Nah, j'ai eu conscience que la voix est le plus bel instrument. Elle en fait ce qu'elle veut, de sa voix. Une voix qui peut être triste ou joyeuse, grave ou suraiguë, claire ou rauque. Une voix qu'elle accorde totalement avec la guitare, approfondissant encore l'harmonie qui existe entre la chanteuse et l'instrumentiste.
Je pense que c'est là qu'il faut parler du guitariste.
Comme tout le monde présent dans cette salle, j'étais venu à ce concert pour elle. Pour Youn Sun Nah. L'instrumentiste, pour moi, c'était celui qui l'accompagnait, sans plus. Jusqu'à ce qu'il commence à jouer.
Ulf Wakenius. Guitariste d'Oscar Peterson. Rien que ça. Et quand on l'entend, on comprend. De même que Youn Sun Nah peut faire ce qu'elle veut avec sa voix, Wakenius semble avoir des possibilités infinies avec sa guitare. Même jouer avec une bouteille en plastique !
Le concert s'est achevé sur Avec le Temps, de Léo Ferré. Sur un frisson ultime. Et sur une chanteuse tellement impliquée dans son chanson qu'elle a fini le concert en larmes.
Et nous aussi.
SanFelice
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 4 juil. 2014

Critique lue 273 fois

41 j'aime

23 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 273 fois

41
23

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

257 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

223 j'aime

20

La Ferme des animaux
SanFelice
8

"Certains sont plus égaux que d'autres"

La Ferme des Animaux, tout le monde le sait, est un texte politique. Une attaque en règle contre l'URSS stalinienne. Et s'il y avait besoin d'une preuve de son efficacité, le manuscrit ne trouvera...

le 29 janv. 2014

221 j'aime

12