Un jour, un salopard a voulu tuer Martin Luther King et y est parvenu. Pas possible pour Elvis Presley. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi a-t-on pu faire ça ? Face au désarroi du King, Earl Brown écrit If I Can Dream. Il ne s’agit plus du rêve de Luther King, celui qu’on croyait réalisable en 1963, mais d’un rêve perdu qu’on oserait même plus concevoir. Un rêve où la compassion existe, où les gens marchent main dans la main, peu importe la couleur ou l’ethnie. Mais à quoi bon croire en ces espoirs quand celui qui les incarnait venait tout juste de se faire flinguer ?
Elvis adore la démo proposée par Earl Brown et ne se voit plus chanter d’idiotes chansons de Noël ou jouer dans des films feel good neuneus. Le monstre du rock qui était tenu en laisse par Colonel Tom Parker et Hollywood depuis presque dix ans se défait de ses chaînes, renfile son blouson noir et revient sur scène pour le glorieux show de Noël…le fameux come-back de 1968. Le temps de quelques reprises de ses classiques, le King réimpose ce qu’est le rock, le viscéral, le fougueux, le violent, le Rock N’Roll à la dure que les Beatles avaient failli faire oublier. Toute la rage qu’il gardait en lui, il la ressort enfin avec toute l’énergie du monde. Mais ça n’est que l’entrée. Car le vrai repas de ce come-back, c’est bel et bien If I Can Dream.
Imaginez, après dix ans de chansons niaises et de comédies musicales Hollywoodiennes, celui qu’on croyait mort redébarque avec ce titre. Pas seulement une énième chanson d’amour mais bel un bien un morceau engagé, débordant de détermination et de colère. C’est pour moi le moment le plus glorieux de la carrière d’Elvis. If I Can Dream, c’est un cri de colère, une voix pleine de hargne et de regrets qui s’efforce de décrire un idéal qu’on n’atteindra jamais. Bref, c’est le King qui revient sur scène pour nous faire rêver. Un instant de Rock unique qu’on n’oubliera jamais.