Chaque jour je me souviens de cette première nuit où j'ai perdu mon corps...
Chaque nuit je me rappelle cette peau mystérieuse si familière venir derrière moi à l'âge où je ne pensais encore qu'aux chatouilles...
Depuis, je me balade encore avec ce corps fracturé où ma main isolée de mon âme, à explorer tant de destins aux mauvais desseins avant de retrouver mon identité.
Une innocence enfantine perdue où mon jeu de paume naviguait entre les sexes agglutinés dans le noir des caniveaux, comme des rats, en attente avant de m'en mettre plein la bouche, à l'heure où le métro est à la raie.
Je n'ai point trouvé d'interphone pour livrer même en retard mes cris silencieux sous les étoiles.
Comme une mouche j'ai traîné ma merde.
Comment tout évoquer sans salir ceux qu'on aiment, comment dire tout ce que j'ai semé en route, toutes mes voies de la perdition empruntées laissent généralement sans voix.
Il me reste une vie sans bras pour recueillir mes sanglots silencieux, mon soleil toujours Clément, et le cinéma pour animer le reste de flamme sous mes cendres.
Et le souvenir de ta main qui savait si bien m'apaiser, une main douce qui s'est détachée de moi, car je n'ai pas su rester à la hauteur de cette chance que la vie m'avait offerte après tant de revers. Depuis, j'ai (re)perdu mon cœur...