"Ecoute ma voix, écoute ma prière, écoute mon coeur qui bat laisse-toi faire, je t'en prie ne sois pas farouche, quand me vient l'eau à la bouche"
https://www.youtube.com/watch?v=RgBE9Oxg2aw&list=RDRgBE9Oxg2aw
je devais avoir 14 ans quand j'entendis ce titre pour la première fois : Gainsbourg c'était un nom bien sûr, mais c'est Gainsbarre que je découvris à la télévision, clope au bec, doigts jaunis, parole confuse et débit hésitant, il ne faisait certes pas rêver les jeunes filles en fleur !
Et pourtant, troublée par cette face de batracien pitoyable et pathétique à qui il ne restait que 5 ans à vivre, j'eus envie de connaître Gainsbourg, le seul, l'unique, dont le talent éclatait dans des morceaux que je ne tardai pas à écouter en boucle.
L'eau à la bouche fut l'un des premiers : mambo de charme mélodieux et rythmé, il collait comme un gant à mes émois adolescents, célébrant, tour à tour pudique et ardent, la vierge craintive, d'autant plus désirable et désirée, cette femme en devenir promesse d'un bonheur ineffable que l'homme épris se doit d'apprivoiser sans effaroucher.
Jamais l'auteur provocateur et sulfureux ne chanta mieux l'amour et les affres de l'attente que dans ce pur bijou de sensualité élégant et pudique qui nous met à jamais l'eau à la bouche.