Il est rare que je m’attarde sur une chanson le temps d’une critique, mais Layla mérite amplement que j’y consacre quelques paragraphes. Layla, ce n’est pas seulement la complainte d’un homme sur à un amour qui ne lui est pas réciproque, c’est un cri de désespoir face à un idylle qu’il sait inatteignable.


Layla, c’est Pattie Boyd, l’amour d’Eric Clapton, mais manque de bol, celle-ci est déjà mariée à George Harrison, le quiet Beatle, son meilleur ami. Alors dans un élan de désespoir, Clapton nous écrit ces somptueux vers, reflétant ainsi son état d’esprit de l’époque :
You’ve got me on my knees, I’m begging darling please !


La suite de l’histoire plaira à Eric Clapton, puisque Pattie quittera George en 1974 et se mariera avec Eric en 1979. Mais bon, George ne l’a jamais mal pris, et on peut l’entendre rire en disant qu’Eric et lui ont partagé la même femme. Tout est bien qui fini bien.
Mine de rien, Pattie Boyd est à l’origine de deux des plus belles chansons d’amour de l’histoire, Layla évidemment, mais aussi Something de George Harrison.


Mais revenons-en à cette mélodie envoûtante qu’est Layla, puisque cette véritable pépite résonne encore dans les cœurs depuis cinquante ans. Qui n’a pas été déchiré par la voix plaintive d’un Eric Clapton à bout de nerf ? Qui ne s’est pas extasié en écoutant ce riff légendaire ?


La chanson se divise en deux parties. La première que tout le monde connait, celle où Clapton hurle son amour à Layla, partie reprise dans sa version Unplugged et dont le solo final est à tomber par terre. Et pourtant, peu de gens connaissent la seconde partie de cette chanson. Ceux qui n’ont écouté que la version Unplugged ont oublié que derrière le génie de Layla se cache aussi Duane Allman et son slide inimitable. Ainsi, dans la version studio, celle sorti en 1970, ce n’est pas Eric Clapton qui joue le solo, mais bel est bien Duane Allman en slide, et quel bonheur !


La seconde partie quant à elle est probablement l’un de mes moments préférés de la musique. Cette balade instrumentale où piano, slide, guitare acoustique et basse se répondent l’un à l’autre avec harmonie. Les fans de Martin Scorcese reconnaitront ce passage puisqu’il est réutilisé avec brio dans Goodfellas. Cette longue coda de quatre minutes offre un nouveau souffle à Layla. Là où les trois premières minutes sont déchirantes, avec des distorsions ultra brutales, cette partie instrumentale est totalement aux antipodes du début du morceau. Ce qui fait de Layla, une chanson incroyablement variée et surtout, émotionnellement puissante. Une émotion que personnellement, je ne retrouve que dans la version studio.


Layla, c’est donc deux chansons en une, la complainte de Clapton suivi d’un calme pur et serein, une mélodie bercée par le slide d’Allman. Clapton et Allman ont fait des merveilles en collaborant, il n’y a qu’à écouter l’album qu’ils ont fait ensemble chez Derek and the Dominos pour s'en rendre compte. Ensemble, ils ont fait de Layla l’un des plus beaux morceaux de tous les temps.

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le 18 avr. 2020

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James-Betaman

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