Définir le jeune Booba

Son idéal pour comprendre qui est le jeune Booba, ce qui l'est socialement, comment il voit le Monde, comment il réagit face à celui-ci.
Il se définit socialement comme jeune noir : « ma jeunesse a la couleur des trains RER C », « Mon peuple anéanti ». De cette situation, il en tire quelques remarques sur sa jeunesse : « on y pousse un peu d’travers », « c’est poussé comme une ortie parmi les roses, et ils sont trop alors j’appelle mes khos les ronces ».
Booba choisit de se définir par une certaine opposition, il y a deux camps : les orties et les roses. Cette opposition va ramener à une conflictualité qu’on retrouve dans toute la carrière de Booba et dans ce morceau : « On cultive sa haine anti-flics ou gendarmes. Alors on devient des boss du maniement d’armes », « C'est neuf ze-dou nous, on est p’tits, on veut niquer Paris », « ici les hyènes ont une insigne. Et j’espère qu’c’est pas l’un d’nous qui servira de gnou ».
Opposition et conflictualité qui parait appuyer sur la police mais qui se comprend surtout dans un contexte et une histoire raciste : « J’voulais savoir pourquoi l’Afrique vit malement
Du CP à la seconde ils m’parlent d’la Joconde et des Allemands », « des plaques et des plaques si c’porc de Chirac était black », « J’suis pas le bienvenu, mais j’suis là
Reprends c’qu’on m’a enlevé, j’suis venu manger et chier là ».
La police n’est qu’en fait que la personnification armée du racisme et c’est pour ça qu’elle est combattue. La méthode Booba face au racisme est bien la combattivité et la hargne : « Mon peuple anéanti. Temporaire seulement, jusqu’à la rébellion de l’Afrique et des Antilles », « C’est un état d’esprit, ne plie que si les pissenlits j’bouffe. Ne reçois d’ordres ni des keufs, ni des profs », « Insoumis, j’fais des sous bêtement, Parce que j’veux voir c’pays en sous-vêtements ».
Cette méthode combattive ne fonde pas un égoïsme mais une approche quasiment révolutionnaire, on retrouve le rejet de l’ordre, l’insoumission, la rébellion. En ce sens Booba est un rappeur politique et qui adapte sa lutte politique a un vécu spécifique, ce qui l’a touché lui c’est le racisme d’un point de vue moral comme économique.
« À force de m’plaindre, j’attends plus l’argent, j’vais l’prendre ». Bien sur qu’il y a une lutte économique à gagner, mais la lutte morale n’est jamais loin. On pourrait voir dans cette phrase qu’une énième ode à l’argent. Mais il faut y voir aussi la fierté de Booba, il cherche moins à faire du fric qu’à cesser de se plaindre, se plaindre étant vu comme un signe de faiblesse. "j'fais des sous bêtement parce que j'veux voir c'pays en sous vêtement", le but est plus de gagner une lutte morale contre "c'pays" que de faire de l'argent, ce n'est qu'un moyen.

Encore un autre texte qui montre que Booba ne se réduit pas à un rappeur individualiste capitaliste. Il se situe dés le début dans une communauté et encore dans le refrain « j’m’en bas la race sauf des potes, la famille et l’cash ». Communauté qui est structuré par l’histoire et le présent du racisme et qui face à cela réagit par : la combattivité, la fierté, l’insoumission. Ainsi, même son rapport à l’argent qu’on voit souvent comme capitaliste n’est qu’une réaction au racisme, une manière de retrouver une certaine dignité.