Manset a toujours été fasciné par l'Asie lointaine, ici il s'attarde au Cambodge qui a connu l'un des épisodes les plus sanglants du siècle dernier. Le jeu des Supers-puissances installera les khmers rouges au pouvoir, ceux-ci sont à l'origine d'une guerre civile qui terrorisera le pays. Manset s'empare du sujet et signe une œuvre noire , terrible, les mots claquent et le paysage rouge sang décrit un désert morbide d'où la vie a été extirpée par "ces marchands de rêves" qui laissent derrière eux un monde apocalyptique...
Le texte de Manset, qui dépeint un paysage d'outre-monde glacial et lunaire, crée un sentiment d'oppression et d'étouffement par la répétition entêtée de la phrase "Y a plus personne debout dans les rues", dans le même temps la musique semble avancer de façon implacable, nous plongeant petit à petit dans le monde de l'horreur...
"Au milieu des danseuses aux lèvres recourbées
On voit les ongles, les doigts de ceux qui sont tombés
De ceux qui sont tombés..."
"Avec ta poudre rouge, tes yeux d’or, ta barque
Et les enfants qui bougent encore au fond du sac
Marchand de rêves, va t’en plus loin
Frappe plus fort dans un silence de mort"
"Marchand de rêves, va t’en plus loin toujours
Avec ta barque sur la grève
Marchand de rêve, laisse tomber au fond du sac
Les têtes coupées qui chantent encore.
Y a plus personne debout dans les rues d’Angkor..."*