Pour ajouter au patrimoine folklorique des carabins
Brassens respectait une certaine tradition française, et pas seulement une tradition musicale. Il se voulait héritier de Villon et de toute une lignée de poètes gentiment anar', privilégiant le rapport humain sur le lien hiérarchique et social. Attaque contre les gendarmes et les bourgeois, certes, mais c'est plus compliqué que cela encore. Ainsi, dans L'épave, il s'étonne de l'existence de "flics bien singuliers" qui font du bien. En bref, il n'attaquait pas une catégorie sociale par principe.
Et il s'est ainsi façonné un personnage anarchiste mais respectueux, misogyne envers celles qui le méritent ("elle m'emmerde, vous dis-je") mais formidable héraut de la beauté féminine (voir le Blason, par exemple, ou La religieuse), cultivé (cette même chanson du Blason, qui reprend une tradition littéraire fort lointaine déjà), magnifique adaptateur de poèmes (de Francis Jammes souvent, mais aussi d'Aragon), etc.
C'est dans cette ligne de la tradition française, d'une culture française populaire sans être populiste ni vulgaire, qu'il faut placer cette chanson, véritable joyau de la discographie brassensienne. Comme tous les joyaux, il est bien caché, car l'offrir au tout-venant serait donner des perles à un pourceau.
Mélanie, c'est l'hommage d'un Brassens vieillissant et pouvant tout se permettre, à un genre que l'on devine très présent, de façon plus secrète, dans d'autres titres : la "chanson de salle de garde", c'est-à-dire la chanson paillarde. La chanson commence d'ailleurs par un hommage au genre :
"Les chansons de salle de garde
Ont toujours été de mon goût,
Et je suis bien malheureux, car de
Nos jours on n'en crée plus beaucoup."
Quant aux aventures de la coquine Mélanie et de ses cierges sacrés, je vous laisse le soin de la découvrir ici :
http://www.youtube.com/watch?v=pOMgvLmdt2w
Pour oreilles averties uniquement.
Le patrimoine français, ça a du bon, quand même.