Instant de féérie.
Cette chanson vous transporte dans un ailleurs, une autre dimension où les premières notes si légères et pures vous servent de guide. Des effluves d’innocence, un brin de mélancolie. Un souvenir heureux qui, déjà, portait en son sein le drame à venir. Le brouillard s’épaissit, la mélodie se fait grave. "Ils se tiennent étroitement enlacés." La voix enchanteresse vous prend aux tripes, rauque, souffrante. Un petit tintement trompeur vous rappelle la beauté du moment, comme le ferait un sourire nostalgique. "Une union charnelle de si longue date." Le rythme est lent, régulier. Une fée esquisse un timide entrechat, le regard perdu dans le vôtre. Vous fermez les yeux. "Là où la mer effleure la terre." Un claquement, au loin. "Va-t-elle lui dire la vérité ?"
Le poids sur votre coeur s’alourdit. Votre respiration devient plus difficile. Quelle vérité ? La menace croît, la voix se calque implacablement sur ce lointain grondement sourd que vous percevez. "Mais le vent dévore ses mots / Là où la mer prend fin." Vous la voyez désormais, cette aura de mort qui embaume la jeune fille. Mélodie spectrale. Le soleil vacille, le froid s’installe. Puis la voix assène, poignante de douleur. "Elle tremble en lui tenant la main / Et l’embrasse sur le front."
D’autres voix, lointains échos, semblent murmurer la mélancolie de cette histoire. Comme une légende ayant traversé les siècles, une métaphore s’appliquant à tous. "Elle porte le crépuscule dans sa poitrine", scande la voix, qui s’intensifie avec la musique. Notre coeur s’emplit d’empathie et se serre à son tour. La voix suave et triste a cessé son petit jeu, nous commençons à comprendre. "Elle sait qu’elle doit perdre la vie." La fée se retire, les ténèbres s’installent. "Elle pose sa tête sur ses genoux." Profonde inspiration. Puis la voix se mue en cri, déchirant, infini. Un appel à l’aide, un besoin d’espoir. "Et demande un dernier baiser."
Le rythme s’emballe, comme si la musique s’éveillait devant tant de détresse et se mettait à lutter pour la jeune damnée. Après 2’30’’ de lent crescendo, vous voici confronté à l’apogée. "Et puis il l’a embrassée / Là où la mer prend fin." Les arbres bruissent, des chants s’élèvent. Le récit se fait épopée. Les fées ont revêtu des masques de sève, sur lesquels coulent des larmes éternelles. Et elles dansent, dansent, dansent jusqu’à la mort. "Ses lèvres (à elle) froides et humides / Et ses yeux (à lui) se mouillent." La voix laisse percer une fragilité, et entonne ce refrain encore et encore. N’oubliez pas ces amoureux d’un autre monde. N’oubliez pas le brouillard qui flottait en ce jour, ni cette victoire de la Mort.
N’oubliez pas la danse des fées.
"Le dernier baiser / Est si lointain."
La voix s’emporte pour une ultime parole.
"Le dernier baiser…"
Le rythme ralentit, comme essoufflé. Vaincu.
"… Il ne s’en souvient plus."
______
Cette critique n’a pas pour prétention d’en être une. Il s’agit d’un ressenti purement subjectif, ainsi qu’une évidente forme d’hommage à cette chanson — la plus belle de toute l’oeuvre de nos six allemands. Ce qui fait la force de ces paroles, c’est avant tout le mystère qui s’en dégage. On ignore la réelle raison de la mort de la jeune fille. La maladie semble être une réponse logique, mais d’autres solutions peuvent être envisagées, comme le traumatisme et les pulsions de suicide par exemple. La mort peut également servir de métaphore pour un départ déchirant, un abandon.
Outre cette interrogation, la musique a aussi un fort impact sur nos émotions. Le rythme, la montée en puissance dans l’utilisation des instruments et de la voix, ce mélange de sonorités graves et d’autres plus aigües… Ces dernières sont les « voix de fées » que j’évoque dans cette analyse. Elles participent à créer cette pesante ambiance d’infinie tristesse tout au long de la chanson. Enfin bref, si vous ne la connaissez pas encore, écoutez-là.
Et si vous la connaissez, réécoutez.
http://www.rammsteinworld.com/paroles/traductions/mutter#chanson11
https://www.youtube.com/watch?v=JbkNPPpVc68
Le poids sur votre coeur s’alourdit. Votre respiration devient plus difficile. Quelle vérité ? La menace croît, la voix se calque implacablement sur ce lointain grondement sourd que vous percevez. "Mais le vent dévore ses mots / Là où la mer prend fin." Vous la voyez désormais, cette aura de mort qui embaume la jeune fille. Mélodie spectrale. Le soleil vacille, le froid s’installe. Puis la voix assène, poignante de douleur. "Elle tremble en lui tenant la main / Et l’embrasse sur le front."
D’autres voix, lointains échos, semblent murmurer la mélancolie de cette histoire. Comme une légende ayant traversé les siècles, une métaphore s’appliquant à tous. "Elle porte le crépuscule dans sa poitrine", scande la voix, qui s’intensifie avec la musique. Notre coeur s’emplit d’empathie et se serre à son tour. La voix suave et triste a cessé son petit jeu, nous commençons à comprendre. "Elle sait qu’elle doit perdre la vie." La fée se retire, les ténèbres s’installent. "Elle pose sa tête sur ses genoux." Profonde inspiration. Puis la voix se mue en cri, déchirant, infini. Un appel à l’aide, un besoin d’espoir. "Et demande un dernier baiser."
Le rythme s’emballe, comme si la musique s’éveillait devant tant de détresse et se mettait à lutter pour la jeune damnée. Après 2’30’’ de lent crescendo, vous voici confronté à l’apogée. "Et puis il l’a embrassée / Là où la mer prend fin." Les arbres bruissent, des chants s’élèvent. Le récit se fait épopée. Les fées ont revêtu des masques de sève, sur lesquels coulent des larmes éternelles. Et elles dansent, dansent, dansent jusqu’à la mort. "Ses lèvres (à elle) froides et humides / Et ses yeux (à lui) se mouillent." La voix laisse percer une fragilité, et entonne ce refrain encore et encore. N’oubliez pas ces amoureux d’un autre monde. N’oubliez pas le brouillard qui flottait en ce jour, ni cette victoire de la Mort.
N’oubliez pas la danse des fées.
"Le dernier baiser / Est si lointain."
La voix s’emporte pour une ultime parole.
"Le dernier baiser…"
Le rythme ralentit, comme essoufflé. Vaincu.
"… Il ne s’en souvient plus."
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Cette critique n’a pas pour prétention d’en être une. Il s’agit d’un ressenti purement subjectif, ainsi qu’une évidente forme d’hommage à cette chanson — la plus belle de toute l’oeuvre de nos six allemands. Ce qui fait la force de ces paroles, c’est avant tout le mystère qui s’en dégage. On ignore la réelle raison de la mort de la jeune fille. La maladie semble être une réponse logique, mais d’autres solutions peuvent être envisagées, comme le traumatisme et les pulsions de suicide par exemple. La mort peut également servir de métaphore pour un départ déchirant, un abandon.
Outre cette interrogation, la musique a aussi un fort impact sur nos émotions. Le rythme, la montée en puissance dans l’utilisation des instruments et de la voix, ce mélange de sonorités graves et d’autres plus aigües… Ces dernières sont les « voix de fées » que j’évoque dans cette analyse. Elles participent à créer cette pesante ambiance d’infinie tristesse tout au long de la chanson. Enfin bref, si vous ne la connaissez pas encore, écoutez-là.
Et si vous la connaissez, réécoutez.
http://www.rammsteinworld.com/paroles/traductions/mutter#chanson11
https://www.youtube.com/watch?v=JbkNPPpVc68
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le 27 janv. 2015
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