Quelle déclaration !

Quelle chanson, quels mots d’amour ! Axelle Red nous offre ici sa tendresse, sa douceur, avec une musique lente, une voix sensuelle et rassurante. On perçoit de la fragilité, quelques angoisses mises au placard, de la confiance, l’acceptation de l’imperfection. Le texte d’une femme mûre, parvenue à s’extirper de la tyrannie de l’apparence, même si la peur de la solitude persiste.

Certaines paroles sont magnifiques, et magnifiées par la voix d’Axelle Red : « parce que c'est toi le seul à qui je peux dire qu'avec toi je n'ai plus peur de vieillir ». Pour une femme plus que pour un homme, les transformations du corps sont douloureuses, une angoisse très présente. Et voilà Axelle qui a franchi un cap, grâce à son amour, elle est prête, désormais, elle accepte le temps qui passe, et du coup, est aussi capable d’encaisser les défauts de son homme voire lui pardonner si besoin.

Les paroles ne sont toutefois pas dénuées de quelques ambigüités, maladresses que je trouve un peu malheureuses. Le passage suivant peut être interprété de plusieurs façons : « Si tu crois un jour q'tout est à refaire, qu'il faut changer; on était si bien naguère. N'aie pas peur je n'veux pas tout compliquer, pourquoi s'fatiguer ». On pourrait croire qu’elle serait prête à arrêter leur histoire si nécessaire, « quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds » disait Brassens, mais je crois qu’il faut ici plutôt comprendre qu’ils resteront ensemble quoi qu’il arrive, même si l’amour s’enfuit. Quoiqu’il en soit, si le texte est une magnifique déclaration, l’amour présenté ici n’est pas parfait ou éternel. D’autant plus qu’Axelle affirme également : « parce que j'avoue j'suis pas non plus tentée, d'rester seule dans un monde insensé », ce qui présente une même conception d’une relation utilitaire, un peu contradictoire avec la superbe déclaration du reste du texte.

Mais hormis ces quelques maladresses, la chanson est vraiment magnifique.