Si t'étais là
6.5
Si t'étais là

Morceau de Louane ()

“O flots abracadabrantesques Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé.”

Citation de Arthur Rimbaud, grand inspiration de la chanteuse


Au moment ou j'écris cette critique je n'ai pas encore écoutée le dernière album de Louane, ce sera fait prochainement.
Dans la pop actuelle que j'aime tant critiquer par son manque d'ambition et ses textes aussi beaux et subtiles que l'intégralité du film Salo ou les 120 journées de Sodome, il y a quelques ovnis. Louane en fait partie. Si je suis complètement d'accord quand on qualifie "Chambre 12" de ratage total, mais j'avoue être plus nuancé quand on aborde "Louane" (l'album de 2017 qu'on s'entende bien). Car sur papier il y a une vraie amélioration notamment des la façon d'aborder ses thèmes (j'ai entre autre trouvé "On était" beau d'une détresse touchante), le problème c'est que dans la lancée du premier album on continue d'aller dans cette pop dansante qui dessert aussi bien la chanson (franchement écoutée on était beau en version acoustique) que sa chanteuse qui est aux yeux du grand public réduit à un misérable statut de chanteuse pour lycéen en manque d'originalité. Et c'est dommage car quand on se penche sérieusement sur ce "Louane" on y voit au dessus du mauvais et du moyen du très bon avec "Jour de pluie" et "On était beau" mais surtout celui que je peux réécouter en boucle tant il marque l’apogée de ce que donnerai Louane si elle assumait son ambiance plus triste: "Si t'étais là"
"Si t'étais là" se démarque déjà des autres chansons de l'album par son instrumentale dominée par le piano, surtout quand on sait que la chanteuse adore utiliser l'électro (je ne dis pas que c'est forcément mauvais, juste que le piano s'est toujours mieux prêté à sa voix) avec un rythme vraiment lent et agréable qui permet à son spectateur de bien s'imprégner de l'ambiance. Il y a aussi le clip mais ça je le présenterai plus tard. Et bien sûr le ton impersonnel de la chanson qui rend le message universel et forcément d'autant plus touchant.


"Parfois je pense à toi dans les voitures
Le pire, c'est les voyages, c'est d'aventure
Une chanson fait revivre un souvenir
Les questions sans réponse ça c'est le pire"


Beaucoup de gens se questionne sur le "pourquoi une voiture" et NON ce n'est pas juste pour rimer avec "d'aventure". Je vois la chose de 3 façons possibles, soi c'est pour faire le rapprochement qu'on est obligé d'avancé sur une route sans l'autre, soi c'est parce que dans une voiture on peut être seul et se sentir en sécurité (pas forcément mais Louane n'habite pas le 93), soi parce que c'est quelque chose d’anodin et d'universel. Dans chacun des 3 cas, on a une réponse tristement annonciatrice et pas forcément incohérente par rapport à toi: respectivement le fait d'avancer me fait penser constamment à toi, même quand j'ai l'impression d'être en sécurité les images de nous reviennent me hanter et même dans les choses les plus anodines je pense à toi. Il suffit de voir le clip pour se rendre compte que c'est un petit peu des 3 à la fois. Le second couplet renvoie ici au fait que c'est dans les moments face à l'inconnu face à une nouvelle aventure qu'il revient le plus souvent car elle est obliger de refaire un saut dans son passé pour y penser. Le troisième couplet explique donc que comme une chanson qui passe en boucle elle est obligée de revoir ses souvenirs et le quatrième fait double face entre un avenir incertain et un passé incompris. Il est d'ailleurs très drôle de voir que Louane harmonise le tout en utilisant le champs lexical de roadmovie qui sont le genre de film ou le héros doit faire face à son passé et son future pour avancer.


Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?


Bon forcément qui dit questions sans réponses dit forcément énumération de question. Je pourrais rapidement dire que la première phrase cherche à s'auto rassurer, la deuxième à faire le rapprochement entre l'être mort et son avenir, la troisième est de la paranoïa et la troisième à rester dans le déni, le tout dans un cercle vicieux continu de tristesse qui détruira le narrateur.
Mais vu que le refrain occupe 50% de la chanson autant s'amuser un peu en vous parlant de certains détail du clip (un de mes préférés). mais vu que vous n'êtes pas là pour ça on va faire ça vite:
Les 25 premières secondes confirmes l’hypothèse d'une journée habituelle qui est chaque matin secouée par cette chanson triste symbolisée par le début au piano. Quelques plans nous montres une rue vide, des jardins vides et des magasins vides, montrant que la narratrice est presque aussi morte que l'être aimé (pas forcément d'amour) car elle extérieur à ce monde dont elle s'est exilée. La seule personne qu'elle voit c'est l'être aimé, enfin un semblant, on le voit flou par une flaque d'eau montrant bien la triste réalité. Le car montre bien que même si elle essayait de fuir elle cotinuerai d'être étrangère aux autres (scène dans la rue qui suit). La avant dernière scène la montre bien seule sur un pont, suivit d'une feuille qui tombe dans l'eau, je pense qu'on fait difficilement plus explicite concernant l'envie de mourir.


"Je me raconte des histoires pour m'endormir
Pour endormir ma peine et pour sourire
J'ai des conversations imaginaires
Avec des gens qui ne sont pas sur la terre"


Elle a perdu le sens de la réalité car c'est le seul moyen pour elle de tenir debout, pour être calme, pour endormir (sous entendue elle sera toujours là) sa tristesse et "pour sourire" parce qu'au fond c'est ce qu'elle veut, qu'on lui foutent la paix, qu'elle puisse partir tranquille. Les deux derniers couplets rappellent que la seule personne avec qui elle veut parler c'est les souvenir de l'être aimé, enfin plutôt son passé, son souvenir, d’où le mot "imaginaire", je rappelle que la dernière phrase est encore une très belle façon d’implicite peu subtilement la mort.


Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?


La plume représente les traces de l'être aimé et la narratrice s'oblige à suivre sans réfléchir vers le sentier rouge de la souffrance symboliser par les arbres (oui ce milieu de chanson n'est pas forcément hyper intéressant dans le clip)


Je m'en fous si on a peur que je tienne pas le coup
Je sais que t'es là pas loin, même si c'est fou
Les fous c'est fait pour faire fondre les armures
Pour faire pleurer les gens dans les voitures


Bon pour la première fois on parle de personne extérieur à la situation de la narratrice et elle...les envoies se faire foutres disant qu'elle préfère crever dans la tristesse. Il y a un rapprochement phonique volontaire fait à Louane avec les mots "fou" et "faux". Ça se poursuit également avec les faux et la folie qui font fondre les armures de son être et la rendre fragile, et on en revient à la voiture dans laquelle elle ne peut s’empêcher de pleurer, suivit des mêmes questions posées en boucles dans un tristesse noir et dont elle n'aura jamais de réponse, FIN


Est-ce que tu m'entends, est-ce que tu me vois?
Qu'est-ce que tu dirais, toi, si t'étais là?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies?
Qu'est-ce que tu ferais, toi, si t'étais là?


Bon heureusement que le clip est là pour relever le niveau de bonheur. Elle continue à suivre le chemin droit de la souffrance jusqu'à arriver devant un pont petit pont au dessus d'un petit ruisseau (je tiens à rappeler le sous entendu de suicide plus tôt) elle voit que pour atteindre la plume (trace de l'être aimé) elle doit sauter, ce qu'elle fait. Remarquez d'ailleurs qu'à 2:10 du clip un a le droit à une chute cinématographiquement semblable à un saut suicidaire. Elle arrive face à des poissons multicolore/forme dans une tenue traditionnelle japonaise montrant bien un rêve. Le rêve prend fin quand elle voit que l'être aimé ne s'y trouve pas (c'est un oiseau qui vole alors qu'elle est tombée sous l'eau) et que les poissons lui tournent autours comme des prédateurs. L'oiseau vient la sauver et la ramène sur terre. On finit d'ailleurs avec un oiseau libre qui vole (ce qui est un poil plus joyeux).
Le message du clip est selon moi beaucoup plus intéressant: La mort vous condamnera au silence et à l'exil, donc le seul moyen de rester avec l'être aimé c'est de continué à vivre, à sourire.



Sortir les pots de glace et regarder Love Actually quand on a un
chagrin d'amour, c'est sympa, mais ça ne suffit pas. La seule solution
à la souffrance, c'est le temps. Et c'est long, très long, trop long.
On appartient à une génération qui n'a pas le temps de se laisser
vivre tout ça.



Citation de Louane

Lordlyonor
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le 24 nov. 2020

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