Il est assez inattendu de trouver une série belge de ce niveau !
Sous différents angles, que sont la photographie, le jeu, le rythme, la crédibilité et le sujet en lui-même qui ouvre sur différentes thématiques, on est assez bien servi.
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Tout d'abords, le rendu des années 80s est vraiment très réussi. Pour être passé de la dizaine à la vingtaine à l'époque je peux en témoigner: le détail est soigné. De plus, la musique new-wave mise en avant est généralement de qualité et ne nous rabâche pratiquement pas les clichés rutilants des pop-stars. Puis on retrouve la naissance des radios libres qui apparaissaient comme une révolution médiatique, qui passionnait les jeunes comme aujourd'hui les réseaux sociaux. Je déplore juste que Mona Mina Leon dans le rôle de Vicky, l'animatrice vedette de bel-fm, bien qu'elle tient un discours de qualité, joue relativement mal ces scènes en studio alors que hors-studio elle est bien plus crédible.
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Avant tout, on est plongé dans l'univers de la gendarmerie nationale, à travers le regard de deux jeunes recrues, à l'époque des "tueries du Brabant". Là où le polar belge se ramasse inexorablement à nous transposer New-York sur le plat pays, on reste ici très fidèle à la belgitude et au factuel des événements qui ont défrayé la chronique. Les trois "héros" qu'on suit (le bon flic, le ripoux, la libertaire) et leurs relations dont une inévitable romance, sont évidemment fictionnels et permettent de confronter les antagonismes et les incompatibilités, des sujets graves traités soigneusement et sans œillères mais aussi la complémentarité et les possibles. Je peux déplorer qu'on nous joue ici encore et toujours l'incommunicabilité en amitié comme en amour, la rétention plutot que la franchise alors que des personnages fictionnels ont le potentiel de se montrer plus valeureux, faut-il toujours tout tirer vers le bas ?
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Ce qui nous est présenté comme le revers de la médaille du gardien-de-la-paix et qui verse dans la paramilitaire vers l’extrême-droite et le banditisme, est sans-doute très réaliste, ce qui ne veut pas dire que les éléments d’enquête présentés correspondent à la réalité ou au dossier. Le mystère plane de toute façon mais il plane dans ce genre de milieu.
La série n'a pas pour objet de glorifier la gendarmerie ni de l'incriminer, elle y reste le lieu hyper-hiérarchisé de toutes les humiliations mais avec un bon fond si ce n'était les quelques déviants qui y sévissent. Comme elle a été dissoute en 2001, la porte est normalement ouverte à toutes les critiques mais ce n'est pas vraiment le propos, on est plus porté à suivre ce que doivent ravaler les deux jeunes et ce qu’échafaudent et trafiquent les groupuscules de têtes brûlées.
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Bref, hormis quelques taches, j'oserais le mot "passionnant", sans doute parce que cette enquête était dans l'air de mes vingt ans. Ce que nous présente "1985", c'est la théorie du complot de l'époque devenue réalité depuis et portée à l'écran. L'accent est mis sur les rapports humains (avec excès sur le pathos pour les deux derniers épisodes) et sur la reconstitution des années 80s. Il y a certainement quelques couches en trop, comme si tout les poncifs devaient venir se joindre: la musique originale peut devenir vraiment pompeuse pour nous signifier "émotion", V tombe enceinte, F tombe dans l'héro, M découvre que son père était ripoux, le commissaire V est accroc au valium, comme autant d'événements fictionnels introduits arbitrairement car supposés rendre plus humains ces personnages alors que finalement, ça fait surtout baisser le niveau qui sans cela plafonnerait.