Kawaï hardcore metal

Aggretsuko raconte les aventures d'une femme panda roux, Retsuko, employée de bureau au japon qui fait du karaoké metal pour évacuer son stress.

Saison 1

La série est intéressante à plusieurs titre.

La première, c'est que la compagnie derrière ce personnage est Sanrio, les ayants droits d'Hello Kittie et de tout un tas d'animaux mignons dans le même genre. On sent que celle-ci a voulu se porter vers quelque chose de plus adulte et drainer tout une classe d'Otaku fan de dessins animés mignons mais profond. Mais après tout, c'est pas la première série basée sur un produit dérivé, même à destination des adultes.

Cela se sent dans la réalisation de la série, qui ressemble à de l'animation flash ou aux jeux "Wario Ware" : des dessins très simples marqués avec des contours noirs très épais. C'est donc très basique, mais ça permet de suivre le chara-design très "Sanrio" de l'ensemble tout en offrant un univers assez clair permettant de mettre en scène des thématiques adulte comme "comment s'échapper d'un boulot déprimant ?" "le harcèlement moral au boulot" "se marier pour évoluer socialement." La série ne cesse de souffler le chaud et le froid entre son côté mignon et son côté sérieux, à l'image du générique de début où Retsuko fait des petits pas mignons sur de la musique métal.

D'ailleurs, le choix du panda roux n'est pas anodin, tant c'est un animal asiatique qui est devenu populaire depuis quelques années en occident, notamment chez les geeks. Il est passé de "l'animal qui sert de logo à Firefox" à un animal qu'on retrouve beaucoup sur les kirugumis, les t-shirts, les peluches, les photos mignonnes, etc... J'ai moi-même craqué sur l'animal, lui consacrant un sketch parodique et à vrai dire, le fait qu'Aggretsuko mette en scène un panda roux c'est ... ce qui m'a donné l'envie de mater Aggretsuko.

La seconde chose intéressante, c'est que c'est techniquement la seconde série d'Aggretsuko. La première mouture étaient une série de sketch d'une minute diffusée de 2016 à 2018. Il y en avait une centaine, ce qui tout compte fait n'est pas loin de la durée d'un film. La trame y était la même : Retsuko croisait un problème chez ses congénères ou une attitude étrange chez ses collègues de travail, et son double d'Aggretsuko finissait par péter un plomb au fond d'elle pointant le doigt sur ce qui ne va pas. Un canevas basique, mais efficace.

Pour le coup, on était dans le genre de petits sketchs où l'on critique les attitudes sociales au boulot, même si des personnages récurrents se dégageaient : le collègue informaticien, l'obséquieux, la collègue bavarde, le chef de service, etc.... Tout une batterie de personnages qui ont été réutilisé dans la série principale.

Car, la série dont je vous parle bien est bel et bien la série telle que vous pouvez la voir depuis avril 2018 sur Netflix : Dix épisodes de 15 minutes racontant la vie d'Aggretsuko et suivant une trame continue. Et là, déjà c'est assez bien foutu, car la série peut très bien se regarder sans avoir vu la série de sketchs, et ceux-ci ne font pas doublons avec ce qui y est raconté : ils peuvent être vus indépendamment et approfondir le background. (Mis à part un ou deux gags qui sont réutilisés tel quel.)

A bas la hierarchiiiiiiiiiiiiie

La série peut sembler de prime abord assez classique : ça n'est pas la première série à parler de la vie de bureau et de dénoncer les conditions de travail des salarymen dans les bureaux japonais. Pourtant, on s'attache assez vite à Retsuko, jeune employée assez modeste qui tente de trouver un moyen d'échapper à un boulot qui ressemble plus à une torture qu'autre chose. On sent qu'elle n'a aucun moyen financier de le quitter, que ce qu'elle fait ne lui ressemble pas et que l'ambiance n'a rien à envier à celle d'une cours de récrée. A croire qu'après le lycée (dont on nous a montré à longueur d'animé qu'au Japon, les relations pouvaient-y être infernales) la compétitivité et les relations pourries continuent dans le monde de l'entreprise

Autour d'elle évolue d'autres personnages, animalier aussi, qui sont assez attachant, notamment son trio formé par Fenneko, sa collègue et Hayda, son pote amoureux d'elle. La série parle parle aussi, assez vite, de son amitié avec d'autres salariées, d'un niveau plus élevés qu'elle dans la boite.

Si la série a été comparée à Bojack Horseman, elle est bien moins fataliste et utilise assez peu le ressort animalier. Il s'agit juste d'un autre façon de chara-designer des personnages et j'imagine assez facilement à quoi ils pourraient ressembler sous forme humaine. Elle a aussi été comparée à Detroit Metal City, pour le protagoniste gentil qui se transforme en une bête de metal, mais à vrai dire, s'il y a une série auquel elle me fait penser, c'est Ally McBeal : la jeune fille naïve et souriante qui débarque dans un monde de requin, qui cherche l'amour dans un monde où tout le monde est cynique et qui destresse en faisant de la chanson le soir avec ses copines.

La série parle de la thématique des gens qui ne mettent un masque pour être socialement accépté dans leur travail. C'est loin d'être la première série à faire ça... mais c'est pas grave étant donné que c'est plutôt bien raconté. En espérant que la série décolle un peu du status quo en saison 2.

La série, avec ses épisodes d'un quart d'heure, se porte très bien au Binge Watching : moi et ma compagne avons tout dévoré en trois jours. Et encore, j'ai fait exprès de délayer... parce que je voulais prendre le temps d'écrire cet article pour Sens Critique.

Saison 2

Je viens, avec 6 mois de retard, de finir la saison 2 d'Aggretsuko. C'est toujours aussi bien, surtout que la sortie d'une série comme Africa Salarymen place la série avec miss panda-roux sur un piedestal. Ici, ça se grignote vite, les situations sont toujours drôles, les personnages intéressants et on enchaine assez vite les deux arcs de la saison : l'arc du nouvel employé et l'arc de Tadano.

Toutefois, j'ai peur que, comme je l'avais souligné dans ma critique de la saison 1, celle-ci ne finisse par enchainer les situations de status quo.

Après je craque autant pour la petite bouille de Retsuko (mais non c'est pas du furry) et je serais certainement derrière mon écran pour la saison 3.