"I'll be reborn in a new morning." (Catharsis Maedienne)
Je ne remercierai jamais assez Jun Maeda d’exister.
Comme pour beaucoup, j’ai découvert les œuvres de Key par le biais de Clannad, qui fut presque une révélation pour moi, ayant pleuré toutes les larmes de mon corps devant After Story (en gros). Suite à ça, je suis rapidement devenu adepte de Nakige (jeux émotionnels) ou d’animes analogues tels qu’Anohana. Néanmoins, aucune de ces œuvres n’a provoqué chez moi une catharsis aussi profonde que ce dont a été capable Jun Maeda (surtout dans Clannad, mais aussi Air, et Kanon dans une moindre mesure, ou plutôt un registre différent).
Bien que j’aie parfois pu m’identifier à certaines situations, cet homme parvient surtout à déployer une telle force émotionnelle avec tant de sincérité, qu’elle emporte chez moi toute résistance, telle une purge bienfaitrice me laissant en larmes, tout en éveillant une sensibilité, une naïveté et une humanité parfois trop profondément enfouies en moi, ou insoupçonnées (je ne suis pas un monstre non plus !). Bien qu’il reste terriblement imparfait, Angel Beats s’inscrit indubitablement dans cette veine, tous les défauts me semblant si lointain à côté de son impact résonnant, et c’est pourquoi je souhaitais écrire cette critique.
L’un des premiers points que j’ai relevés, porte sur la trame principale. Ironiquement, bien que prenant place après la mort de ses protagonistes, il n’est en définitive presque nullement question de cette dernière, mais bien de la vie, de par la réflexion qu’elle offre sur celle-ci. Dès lors, la série aborde innocemment des thèmes élevés, tels que l’acceptation, la rébellion face aux regrets ou aux injustices du destin (ou Dieu), et parvient à délivrer des messages sociaux pertinents (j’y avais déjà pensé sans entreprendre les démarches, et Angel Beats m’a rappelé que je comptais prendre ma carte de donneur d’organes, ce que j’ai finalement fait. Si cette série a permis à d’autres de se poser la question ou de franchir le pas, il aura déjà fait bien plus qu’une majorité de productions actuelles).
Ces éléments découlent essentiellement de l’exploration du passé tragique des différents personnages (accidents, handicaps etc…), et de leurs répercussions dans le présent. En revanche, cette ambition se heurte au support servant d’intrigue, qui propose surtout un melting-pot de comédie, de concerts, d’action, de scènes plus insignifiantes, et d’évènements saugrenus, parfois fantastiques ou SF à la cohérence douteuse. Peut-être que Maeda a voulu s’aventurer sur le terrain d’éléments plus populaires ou nouveaux pour lui, mais la narration fait donc clairement défaut sur ce point-là, ce qui est dommage compte-tenu du potentiel de l’idée de base dans un au-delà, et de ce dont il est capable dans d‘autres registres. Heureusement, il reste facile de sourire, rire ou de ne pas s’ennuyer en dehors des moments plus dramatiques, mais ça reste parfois décousu ou peu consistant.
Et pourtant… Comme l’on pouvait l’espérer, ce sont donc les moments bien plus sérieux, tristes ou émotionnels qui sont les plus réussis, et desquels découle la substance principale de l’anime, le reste servant principalement à faire la liaison entre ces développements. Le pathos est habilement distillé tout le long de la série. Certains moments sont plus poignants que d’autres et davantage susceptibles d’arracher des larmes, le point d’orgue étant sans nul doute atteint dans l’épisode final. Si celui-ci semble en rupture avec les précédents au niveau du rythme et des personnages, il offre sans aucun doute une fin superbe, les errements en matière d’exécution étant balayés par l’impact final.
Les insert songs ne sont pas sans concourir à cet effet, Jun Maeda ayant probablement composé et écrit parmi ses meilleures chansons, et peut-être même son plus beau refrain (Ichiban no Takaramono / My Most Precious Treasure). Bien que je n’en sois pas aussi fan qu’une majorité, l’opening est également très bon. D’une manière générale, les production values sont excellentes, visuellement dignes de ce que l’on peut attendre d’un studio comme P.A. Works dans l’ensemble, de même que le casting de seiyuus est particulièrement renommé et à la hauteur.
En définitive, Angel Beats me rappelle un peu Code Geass R2, de par le côté très polarisant qu’ont pu revêtir ces animes, leur final mémorable, et leurs inconsistances succombant à l’effet qu’ils produisent en définitive pour les uns, venant l’entacher pour les autres. Ainsi, comme le disait un reviewer anglophone, "This show has problems with the execution and plot development, but it has Heart". Et ce coeur, je m’en souviendrai sûrement.
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