C'était vrai. Douce-amère. Telle est la saveur qui me reste après avoir visionné le dernier épisode d'Angel Beats, un anime qui n'a de charme que parce qu'il est terriblement imparfait.
Angel Beats est typiquement le genre d'anime qui justifie à la fois mon adoration et ma détestation de l'animation japonaise. Il réussit dans le même temps à instaurer un climat très particulier, empreint de délicatesse et de douce mélancolie, et dans le même temps se sent obligé de sacrifier aux poncifs du genre.
Tout partait pourtant d'une idée intéressante ! Un garçon nommé Otonashi se réveille amnésique dans un lieu qui lui est inconnu. On lui annonce de but en blanc qu'il est au purgatoire...pourquoi ? Personne ne sait. Où ? Pas mieux. Comment le savent-ils ? On s'en fout.
De là partent les aventures loufoques d'une bande de lycéens à la poursuite d'un adversaire qu'ils ne connaissent ni ne veulent comprendre, un "ange" aux cheveux blancs à l'air neurasthénique qui ne leur a pourtant rien fait de mal...bien vite, les motivations des personnages se font claires : ils veulent se venger de Dieu (des Dieux ?) qui leur ont infligé une vie douloureuse et une mort absurde.
J'avoue être un peu désarçonné par une telle approche de la question de l'au-delà, puisque rapidement ils découvrent qu'en fait, il ne s'agit pour eux que d'un purgatoire au bout duquel ils reviendront à la vie dans une autre incarnation. Dans ces conditions, à quoi bon lutter ? A quoi bon défier Dieu quand il vous donne une nouvelle chance ?
Viennent ensuite les moments tire-larmes et récurrents de la révélation d'un passé douloureux ("oh ! mes frères et sœurs sont morts assassinés et je n'ai rien pu faire !" "j'ai vécu une vie de merde !" etc.), chargés de remplir la jauge de pathos de l'anime d'une façon bien peu discrète et, surtout, totalement hors de propos au vu de la problématique de l'anime. Réfléchir sur la notion de vie ou de mort, d'au-delà, de mal ou ne serait-ce que du sens de la vie, tout cela était à portée de main avec une idée de base pareille - et pourtant, rien.
Je suis halluciné, en fait. Ces gosses viennent de mourir et tout ce qu'ils trouvent à faire c'est donner des concerts de rock dans une copie conforme de lycée japonais tout en revêtant des uniformes qui ne diffèrent sans doute aucunement de ceux qu'ils on pu porter durant leur (courte) vie ? D'autant plus que bon, le résultat n'est quand même pas folledingue et que l'intérêt de tout cela est bien limité.
On aurait pu avoir quelque chose d'intelligent, mais non, voici venir de la comédie harem pré-digérée. Ne vous étonnez donc pas de voir arriver en rangs les poncifs du genre :
- la tsundere
- le personnage principal au charisme équivalant à zéro
- la superbe naïveté tire-larmes...
- les grands yeux qui brillent
- plein de filles mignonnes
- un abruti
- deux abrutis
- une histoire d'amour hors-sujet
- des personnages à la psychologie passée en quatrième vitesse
C'est seulement dans les derniers épisodes que l'on atteint enfin la prise de conscience, dans un final ma foi sensiblement au-dessus de tout ce qui a précédé, quelques révélations de bon aloi et surtout, surtout, une scène au goût d'éternité, terriblement émouvante. Je parle, bien sûr, de la scène de la diplomation, qui a lieu dans une salle vide.
Quelques élèves, les derniers survivants, font une parodie de remise de diplôme pour se remercier et se jurer une amitié éternelle. Quoique ils ne se reverront plus jamais et s'oublieront sans nul doute. Mais bon. Alors ils chantent, un peu faussement, l'hymne de l'école qu'ils viennent d'improviser. ils jouent en pouffant au directeur sérieux qui remet les diplômes, se mettent en rang, tout seuls dans cette immense salle nue. Quelques notes de piano. Beaucoup d'innocence. Ils se séparent en riant et pleurant à la fois.
Au fond, ils n'ont jamais été que de grands enfants morts.