Autant le dire tout de suite, j’ai pleuré à la fin.
Et j’en suis le premier étonné.
Car il faut l’admettre, la série Assassination classroom a les défauts des japanimes fainéantes : dessins passables, trame éculée du parcours initiatique avec relation prof/élève, rebondissements grossiers, surenchère permanente, raccourcis, incohérences, pathos flashy…
J’y ajouterai même une malhonnêteté originelle. Les collégiens et lycéens pourraient y voir le fantasme enfin assouvi de l’assassinat du salaud de prof. Sauf qu’au final, cette série est un très bel hommage au métier d’enseignant.
Dans un tel contexte, comment une série, qui a le bon goût de ne durer que deux saisons, a réussi à arracher des larmes là où un Almodovar n’a jamais réussi avec toute une filmographie ?
Deux ingrédients font la qualité de la série : l’humour et les personnages.
Le premier est purement japonais, grâce à cet art maîtrisé du contraste. Ce dernier s’incarne parfaitement avec le personnage du Koro-sensei. Physiquement, il s’agit d’un poulpe jaune à tête de smiley, muni d’un rire ridicule et d’un sacré paquet de défauts. Sauf que cette « créature » menace de détruire la Terre et en a les pouvoirs. Le ridicule et la destruction en un seul personnage. Même combat avec les élèves, à la fois ados attardés et apprentis assassins. Tout l’équilibre de la série se fait sur ces contrastes et l’on ne sait jamais si une scène sera tragique ou comique. Quand elle n’est pas les deux. L’effet de surprise en est d’autant plus fort. Et je compte un grand nombre de réels fous-rires sur ces deux saisons.
L’autre qualité, la principale à mon sens, réside dans les personnages. Même s’ils incarnent pour la plupart des archétypes bien marqués, ils sont extrêmement attachants. Le plus plaisant au final est de voir évoluer cette bande de laisser pour compte, de la même manière que l’on aime voir un outsider se hisser dans une compétition sportive (cf. l’Islande à la coupe d’Europe de foot). Même s’ils sont caricaturaux, les élèves sont assez bien construits pour qu’on les voie se compléter et évoluer. Au bout d’un moment, je me suis surpris à avoir une certaine tendresse pour des personnages, notamment le « héros », Nagisa.
Et au final, on a l’impression de faire partie de cette classe 3-E et on n’a aucune envie que cette année scolaire s’arrête. Au fur à mesure que les trimestres avancent, on se surprend à rire avec eux, à stresser avec eux, à fantasmer aussi pour Mme Pouf, à angoisser avec eux…
…, et quand il s’agit d’accomplir l’inévitable, de tuer Koro-sensei, on souffre avec eux.