Assassination Classroom
7.1
Assassination Classroom

Anime (mangas) Fuji TV (2015)

Les animés qui se déroulent dans le milieu scolaire, ce n’est nettement pas ça qui manque dans l’incommensurable catalogue des animés japonais produit par les studios. On a aussi bien du fantastique avec Angel Beats! que de la comédie romantique avec School Rumble, des délires divers et variés comme un animé scolaire magical Girl avec Little Witch Academia ou du Shonen comme Beelzebub, sans oublier des œuvres plus classique trop long à répertorier.


Et à ce petit jeu, Assassination Classroom adapté de la BD éponyme de Yūsei Matsui n’est pas le dernier dans la catégorie des concepts farfelues et insolite. Le succès du manga au Japon a encouragé Fuji TV à demander une adaptation en poussant l’histoire jusqu’à son final et dans ce cas là lorsqu’un manga n’est pas terminé, il y a toujours le risque de voir des hors-série peu intéressant ou une fin différente qui n’est pas du goût des spectateurs (ou des lecteurs).


Heureusement, l’auteur a accepté de confier au studio Lerche, chargé de superviser la série avec Seiji Kishi (déjà présent sur Angel Beats!) et Makoto Uezo à sa tête, de faire connaître le dénouement final de son histoire et la série ayant eu droit à une séparation de production entre les deux saisons.


Ceux qui ne voient les animés que de loin diront surement qu’on exagère sa réputation, mais force est d’admette je trouve que l’idée ici fonctionne très bien tout au long de la série (un poulpe jaune, jovial et à tentacule surveillé par le gouvernement japonais qui fait cours à ses élèves sur une année, année pendant laquelle ces mêmes élèves devront l’assassiner pour sauver la Terre de la fin du monde… oui j’avoue quand j’ai lu ça, moi non plus je ne savais pas comment j’allais l'aborder). Et ce pour une bonne raison : les protagonistes comme l’animé en générale ont parfaitement conscience de l’improbabilité de la situation mais n’ont pas d’autres choix que de l’accepter au vu des circonstances, et ça trouve un moyen de l'exploiter avec les thèmes de la série. Ce n’est pas genre Dreamworks qui prend un concept invraisemblable et débile comme dans leurs derniers films pour faire dans l’hystérie global et dans la connerie pure et dure ou SONY Animation qui fait de l’humour de cuvette de chiotte.


Impossible d’évoquer cet animé sans parler de son antagoniste/héros/qualité principale : le professeur Koro alias le poulpe de l’espace. A la fois principale source comique mais aussi figure morale pour les élèves de la Classe E du collège Kunigigaoka. Outre ses nombreuses excentricités (les devoirs supplémentaires ajoutés à tel ou tel élève, sa manie de déjouer avec une facilité ahurissant les tentatives d’assassinat ou de voyage à travers le monde avec ses pouvoirs), la série conserve un sérieux et minutieux équilibre avec l’aspect décomplexé du personnage et son rôle de professeur qui est toujours pris très au sérieux que ça soit en cours, en assassinat ou redresser ses élèves sur le droit chemin même quand ça se permet d’introduire certains gags ici et là.


D’ailleurs autant dire que d’une façon ou d’une autre, l’humour est excellent et très souvent humeur à surprendre. C’est le seul animé ou, par exemple, on verra un professeur et une de ses élèves sautiller de joie dans la forêt sur des romans cochons. Et aussi la seule série qui pourra nous sortir une réplique aussi débile que crédible dans un contexte bien précis comme celui-là :




  • Le porno va sauver le monde !



Ce qui ne l'empêche pas de fonctionner comme un animé scolaire banal avec un début comme une fin et une classe que l’on suit avec un trait de caractère qui parvient à différencier à peu près tout le monde. A la notable exception que cet animé prend pour thème la réussite scolaire de ses étudiants et fait de la classe E les victimes et cancres d’un système scolaire et dictatoriale basé sur leur connaissance intellectuelle : peu réaliste en fiction mais qui prend du sens et de la crédibilité avec du recul et en ayant connaissance de l'importance accordée à la réussite dans les études au Japon.


La chimie entre ces étudiants en bas de l’échelle devient de plus en plus forte au fil des épisodes, la cohésion de groupe de plus en plus soudé, et la grande majorité d’entre eux parvient à se distinguer renforçant notre empathie pour ce qu’on surnomme des épaves, que ça soit à travers leurs problèmes sociaux comme scolaire (le poids des attente des parents quant à la réussite scolaire, l’absence de confession envers ses proches jusqu'au petit complexe personnel, etc…).


On passe de l’androgyne et complexé Nagisa Shiota au sympathique bad boy Karma Akabane, en passant par la discrète et mignonne Kaede Kayano (doublée par l’excellente Fanny Bloc dans la VF, alias Yugo l’éliatrope pour les abonnés à Wakfu), Takaoka la brute au bon fond, Nakamura la bilingue dynamique, Isogai le délégué altruiste, etc, tout les efforts sont fait pour qu’on s’en souvienne. Sans oublier le corps enseignant avec le solennel mais pas moins bienveillant Karasuma, et l’exotique et indécente Irina Poufanovitch (et ses superbes techniques secrètes ♥).


Et niveau animation, celle-ci a eu droit à un travail technique remarquable : entre les décors essentiellement animé par ordinateur en infographie mais toujours très harmonieux, les dessins fait à la main comme les éléments du décor ou encore l’animation des personnages individuellement comme en groupe (avec les lignées des protagonistes qui semblent fait au stylo), et ça se peaufinent tout au long de cette série (hormis quelques très rares éléments 3D qui s'incrustent moyennement dans le décor). C’est peut être même, et je n’exagère pas, l’un des animés japonais modernes les plus beaux à regarder en terme de présentation.


Par ailleurs, plus on avance là encore, plus le poids scolaire prend le dessus sur l’aspect comique de la série, et cela : ça se ressent beaucoup sur la seconde saison de l’animé au fil des épisodes. En fait, un peu de la même façon que pour les 2 saisons de Code Geass des studios Sunrise, on peut un peu voir la première moitié des deux saisons comme une construction similaire dans la forme (premiers épisodes assez légers avec tel ou tel élève exploité, un diptyque et examen de milieu ou fin d’année).


Mais la transition de la comédie global au drame et aux enjeux plus déterminant dans la deuxième moitié de la saison saison fonctionne grâce à cette échelle de progression lentement mais surement installé. On pense à l'avenir de ces élèves comme au devenir du professeur Koro dont l'assassinat finit par être pris bien plus au sérieux lorsque les moments fatidiques se manifestent.


Pour finalement aboutir au passage de l'avant dernier épisode qui m'aura fait verser des larmes à foison : le dernier appel du professeur Koro avant que ses élèves ne l'achèvent. A cet instant on comprend pleinement qu'on est très attaché à cette classe comme au professeur, on se souvient des moments durs et moments de rire passés avec eux, de ce qu'ils ont traversés pour réussir et avoir un avenir qui ne leur était même pas accordé à l'origine.


Et pour avoir su faire me rire autant avant de terminer sur des larmes (j’en dis pas plus) et une conclusion après une année bien mouvementée condensée sur 47 épisodes, sachant que le point de départ était imprévisible voire même casse gueule, il en ressort aussi bien un beau message de lutte face à l’adversité qu’une série comique extrêmement attrayante sachant trouver un juste milieu avec les scènes de vie plus sérieuse (même si je fais l'impasse sur un ou deux facilités et un véritable bad guy pas bien intéressant). Le tout accompagné par de bons morceaux de Naoki Sato.


Et vu que je n’ai pas envie de finir sur une recommandation simple comme j’ai coutume de le faire en partageant mon impression personnelle sur un animé japonais, marquons les esprits : musique !

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